La Presse libre selon les principes de 1789

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comme Marat n'avait encore que très peu, sinon pas de partisans, rien ne semblait plus facile que de faire tourner contre la presse entière la répulsion qu'inspirait à l’Assemblée l’Erostrate du journalisme. Le 31 juillet 1790, dès l'ouverture de la séance du soir, un grand nombre de députés demandent bruyamment la parole pour Malouet, qui veut « faire une dénonciation importante. » L’extrême gauche, devinant le complot, réclame l’ordre du jour et le renvoi de la dénonciation à la police. Sur les instances passionnées de la droite, le président est obligé d'interroger l’Assemblée ; la majorité décide que Malouet sera entendu.

« Vous frémiriez, s’écrie l’orateur, si l’on vous disait qu’il existe un complot formé pour arrêter le roi, erprisonner la reine, la famille royale, les principaux magistrats et faire égorger cinq à six cents personnes. Eh bien ! c’est sous vos yeux, c’est à votre porte que des scélérats projettent et publient toutes ces atrocités, qu'ils excitent le peuple à la fureur et à l’effusion du sang... Je vous dénonce le sieur Marat et le sieur Camille Desmoulins! »

La gauche se permet de rire de l’emphatique colère du député royaliste, surtout lorsqu'il essaie