La Presse libre selon les principes de 1789

15 LA PRESSE grandissait pour devenir, dans des Etats constitués, l'inviolable écho ou la créatrice de l'opinion publique. Et la France de Louis XI le traitre, de Henri Ii le mignon, de Charles IX le fou furieux, de Henri IV, du cardinal-rouge et du despote-soleil, n'avait encore, pour s’instruire de ses propres affaires et des affaires européennes, que la vénérable Gazette, inventée par le sieur Théophraste Renaudot, et dont le premier numéro parut le 30 mai 1631 |

Sans doute, on doit rendre au médecin homme d’affaires cette justice qu’il eut le mérite de trouver, avant tous, la forme du journal moderne ; mais il faut reconnaitre que Richelieu déploya un grand génie politique en en comprenant du premier coup «d'œil la puissance morale, et en se hâtant d’en faire une arme entre les mains du despotisme centralisé. Contre les Gazettes à la main, une Gazelle publique devait exercer une action beaucoup plus efficace que l’amende, le fouet, la prison et Péchafaud; on a moins à craindre l’éveil de la raison populaire quand on est seul à satisfaire sa maudite euriosité, quand on peut surtout la pervertir en se donnant l'air de faire son éducation.

Dès l’origine, le royal privilége concédé à Renaudot et confirmé par une charte de février 1635, fut exclusif de tout auire, en sa faveur et en celle