La Presse libre selon les principes de 1789

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nistration, bienveillante, libérale, équitabie, ne lui refuserait point la permission de se multiplier. Et cela d’autant mieux que, — s’il est nécessaire, comme vous le pensez personnellement, Monsieur le Ministre, que l'opinion publique soit réveillée, —il est évident que les vicilles feuilles ne suffisent pas à cette œuvre, et que, pour redevenir ce qu'elle fut, — la première du monde, — la presse française a besoin qu'on lui coule dans les veines du sang, beaucoup de sang nouveau.

À quoi bon insister sur ce que vous savez mieux que moi ! Un mot encore, pourtant, un mot d’un grand historien que vous avez dû connaître, Monsieur le Ministre, et pour lequel, je n’en doute pas, vous professez autant d'estime que d’admiration ; j'a nommé lord Macaulay :

« Contre les dangers de la liberté nouvellement acquise, it n'existe qu'un seul remède; ce remède, c’est la liberté... (1). Îl est des gens qui disent : « Aucun peu-

(£) « Lorsque, ajoute l’illustre et regrettable historien, lorsque le prisonnier quilte son noir cachot, il n’est pas capable de supporter la lumière ; mais pour le guérir, il ne faut pas le faire rentrer dans son cachot, il faut l’habituer à la luêur du soleil. L’éclat de la justice et dela liberté peut, dès abord, éblouir et étourdir les nations aveuglées dans la prison de la servitude ; mais laissez-les regarder, et bientôt elles verront. En peu d'années les hommes apprennent à penser, l'extrême violence des opinions se calme, les théories hostiles se tempèrent les unes les autres, les éléments épars de la justice cessent le se combattre, commencent à se consolider, et, avec le temps, l’ordre et la justice surgissent du chaos. »