La Presse libre selon les principes de 1789

NOTE. 239

Je n'hésite pas à le confesser, personnellement j’eusse préféré de beaucoup n’avoir à solliciter aucun privilége, et je m’estimerais heureux de pouvoir fonder La NarIon sans être contraint à vous importuner, Monsieur le Ministre. Cependant, fidèle à tous les principes de 4789, je sais me soumeltre aux lois mêmes que ma conscience répute imparfaites, car j'en puis poursuivre la correction pardevant le peuple souverain et ses représentants. Voilà pourquoi, n'ayant pas l’usage du droit commun en matière de presse, je me trouve réduit au rôle de solliciteur. Ainsi qu’il est établi dans vos circulaires, Monsieur le Ministre, votre administration entend rester maitresse de la naissance, de la vie et de la mort des journaux. Mais vous, vous avez déclaré ne point vouloir user du pouvoir discrétionnaire, exceptionnel, dont votre administration dispose. Bien plus ; vous avez dit que, soumis aux lois constitutives de notre société, et respectant la volonté nationale, nous autres publicistes, nous pouvons nous considérer comme jouissant, de fait et de droit, de la liberté de la presse, la loi des avertissements devenant elle-même une lettre morte. D'où il suit que, dès le lendemain du jour où vous vous êtes si clairement prononcé, lesjournaux existants ont dû considérer comme diminués leurs risques de mort, et comme élargies leurs conditions d'existence. D'où il paraîtrait devoir suivre aussi que la presse, en général, a été naturellement portée à croire que l’admi-