La Presse libre selon les principes de 1789
LIBRE. 31 embarras, que des milliers de petites feuilles imprimées glissent, éclatent sous les pieds de la police royale, comme autant de mines et de contre-mines mortelles à quiconque essayerait de les rechercher. Cependant là brochure, qui a succédé au livre, ne suffit déjà plus à satisfaire la soif de critique et de vérité dont la France est dévorée; il. faut au peuple qui naît l'instrument vraiment populaire de la pensée, le journal.
Vis-à-vis de la brochure, l'autorité est depuis longtemps annihilée. La déclaration royale de 1757, prononçant la peine de mort contre « ceux qui impriment et composent des écrits contraires à la religion et à l’ordre, » ne pouvait plus être prise au sérieux sous Louis XV; sous Louis XVI, qui eût osé rappeler qu’elle n'avait pas été abrogée?
Par une étrange contradiction, ce gouvernement si faible vis-à-vis des imprimés non périodiques, reste fort contre les autres; il est encore le seul possesseur, rédacteur et propagateur de journaux politiques.
Les dernières forces de la censure se concentent donc autour du privilége exclusif de la Gazetle de France, et pendant quelques mois réussissent à arrêter devant cette digue les flots irrités.