La Presse libre selon les principes de 1789

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enseveli vivant dans les cachots de la Bastille ; mais aujourd'hui tromper les écrivains patriotes, les encourager à dire librement leur pensée et ensuite les décréter, les emprisonner, n'est-ce pas faire comme le crocodile qui imite la voix humaine et les vagissements de l’enfant pour attirer l’humanité du voyageur dans le piége du monstre ? »

Cependant, les plus éclairés des administrateurs - parisiens s’apercevaient de l’inutilité de leurs arrétés contre les feuilles publiques, et _s’effrayaient de la réprobation que soulevait l'appui qu'ils prélaient à un tribunal justement haï. D'autre part, les ennemis du nouvel ordre de choses ayant réussi à exciter, par des violences réactionnaires, les fureurs démagogiques, beaucoup de libéraux sincères se désolaient des folies imprimées et réclamaient une loi spéciale, destinée, selon eux, à sauvegarder la liberté dela presse des excès compromettants.

Dés que cette idée se produisit, elle fut vivement approuvée du parti ultrà-royaliste qui, plus clairvoyant que le parti constitutionnel, n’ignorait pas que la réglementation d’un droit en produit plus où moins vite la suppression. Une coalition des opinions les plus opposées se forma dans le but d'obtenir de la Constituante une loi sur la presse.