La Presse libre selon les principes de 1789

LIBRE. 93 ment à des coutumes tombées en désuétude, à des ordonnances contraires au droit, en vertu duquel les journaux existaient sans privilége ; c'était évidemment commettre une absurdité et une iniquité.

C’est pourquoi, quand le Châtelet voulut s'emparer de Marat, les Cordeliers prirent les armes, el nombre de citoyens, qui déploraientles exagérations de l’Ami du Peuple, estimèrent de leur devoir de le soutenir hautement contre le vieux tribunal aussi bien que contre la jeune municipalité.

Tant qu'une nouvelle organisation judiciaire n'était pas décrétée et mise en exercice, les délits de presse restaient impænissables. — Un démagogue, — non, le général Lafayette, — comprit parfaitement la situation lorsqu'il demanda la suspension du jugement de toutes les causes politiques jusqu'au moment où la justice pourrait être administrée d’une manière conforme aux principes modernes. Le chef du parti constitutionnel se trouvait être sur ce pointexactement du mème avis que son spirituel ennemi, Camille Desmoulins, qui, se voyant cité à comparaître devant les juges de la monarchie absolue après la proclamation de la souveraineté du peuple, s'écriait :

« Du moins, dans l'ancien régime, je savais que je ne pouvais pas dire ma pensée sous peine d’être