La question de l'Adriatique
UE
conquête de l'Epire septentrionale le caractère d'un fait irrévocablement acquis et contre lequel aucune réclamation n'eût plus été recevable. Mais, pour cela, il fallait une politique prudente, habile et silencieuse. Dès le lendemain de sa chute, M. Venizelos ne cachait pas ses appréhensions sur l'avenir réservé aux régions que la Grèce ne détenait pas en vertu de textes diplomatiques formels. « J'espère, disait-il, que la politique de neutralité da nouveau cabinet ne mettra pas en péril les territoires nouvellement acquis » (1). Ces craintes allaient bientôt se trouver justifiées par les événements. Le nouveau gouvernement hellénique, ayant cru que le moment était propice pour mettre l'Europe en face du fait accompli, avait fait espérer aux populations de l’Epire septentrionale qu'elles participeraient aux prochaines élections législatives. C'était réveiller, au moment le plus inopportun, tout le problème des nouvelles provinces, c'était soulever une difficulté internationale, alors qu'il eut fallu plus que jamais faire oublier jusqu'à l'existence de la question. A peine la nouvelle était-elle connue que l'Italie protesta avec éclat et que les trois puissances
(1) CF. à ce sujet la Gazette de Lausanne du 15 mars 1915.