La question de l'Adriatique
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posaient de toute la force que donne la domination politique, les autres avaient pour eux la force plus décisive encore que donne le nombre (1). En Bosnie, en Herzégovine, en Dalmatie, en Croatie, la conquête slave était déjà, à la veille de la guerre actuelle, chose faite. La langue et: l'influence italiennes étaient chassées de presque toute la côte, depuis Cattaro jusqu'à Fiume. En Bosnie-Herzégovine, sur un total de 1.931.802 habitants, presque tous étaient Slaves: en Dalmatie, sur 645.666 habitants, on comptait 613.535 Slaves et seulement 18.098 Italiens: dans la Croa-
(4) Pour donner une idée à peu près complète de la lulle quotidienne qui met aux prises, surtout en Istrie, l'influence slave et l'influence italienne, il faudrait retracer les incidents de ces dernières années, exposer l'œuvre tenace et passionnée de la grande société italienne la Lega nazionale et l'œuvre, non moins patiente et non moins ardente, de la grande organisation slave, la Société des Saints Cyrille et Méthode. Un tel développement nous entraînerait trop loin. On pourra consulter, à cet égard, outre les travaux de M. Seton-Watson (The Southern Slav and the Habsburg Monarchy, Londres, CGonstable, 1911), un intéressant article, Le mouvement antülalien chez les Slaves du Sud, publié dans Le Temps du 17 avril 1914, deux autres articles publiés dans la Gazelte de Lausanne, l'un, l{alianisme contre Croatisme, le 19 mars 1914, l’autre, Trieste et Dalmalie, le 18 décembre 1914, enfin une importante étude de M. Pierre Ronzy, Les Marches latines de l'Adriatique, parue dans la revue lrance-llalie du 1* avril 1914, et une brochure toute récente, La Question de Trieste : essai sur le problème jougoslave dans les pays « irredente », signée du pseudonyme d'Illyricus (Genève, Impr. Renaud, 1915). Nous ne parlons pas des publications plus anciennes, qui, pour la plupart, ne sont plus en concordance avec la situation actuelle. Il faudrait surtout citer, parmi elles, celles de M. Charles Loiseau.