La question du sel pendant la Révolution

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sonnable à cet égard. Si vous diminuez d’un tiers indistinctement le produit de la gabelle, les provinces de grandes gabelles sont d'abord plus soulagées que les provinces de petites gabelles; il suffirait, ce me semble, de réduire les grandes d’un tiers et les petites d’un quart !. Par ce moyen la diminution serait proportionnellement juste ».

Ræderer défend le projet de Dupont de Nemours ; il demande cependant à ajouter à l’article 2 les mots: «< provisoirement et pour cette année seulement», et à compléter l’article 3 en insérant après cette expression «sera répartie sur les départements et les districts » celle-ci : « qui payaient ces droits ».

L'abbé Jean-Louis Gouttes, député du Clergé de Béziers, représentant, comme de Beaumez, une province rédimée, adhère aux conclusions de celui-ci.

Avec l'avocat Isaac-René-Guy Le Chapelier, député du Tiers de la sénéchaussée de Rennes, la parole est donnée à un des défenseurs des plus convaincus des intérêts «bourgeois », si cet anachronisme nous est permis. C’est le représentant de l’école de Manchester avant la lettre 2 Après avoir demandé l'abolition de la gabelle, il continue : « Le gouvernement ne doit être ni banquier, ni commerçant : les citoyens seraient effrayés, le commerce serait lésé ; une compagnie aussi considérable que la ferme générale jetterait l’effroi dans tous les esprits ; il faut donc supprimer entièrement l’article 9, qui aurait des effets aussi fâcheux. Je propose de le remplacer par un autre article, dont l’objet serait d’ordonner la vente en tout ou en partie des sels qui existent en approvisionnement, et le versement des fonds qui en proviendraient dans la caisse des receveurs des deniers publics. Cet approvisionnement est, dit-on, assez considérable pour deux années; le sel a été acheté 8 sous, il sera vendu 28 sous; il y aura donc 3 millions de bénéfice. »

Après cet orateur, la parole fut donnée à l’archevêque d'Aix, M. de Boisgelin. Il prononça un très long discours qui prouve à quel point ce prince de l'Eglise s'était familiarisé avec les idées de

‘ D’après les Archives parlementaires la proposition est incompréhensible: Lavenüe aurait démandé que « les provinces de grande gabelle payent les trois quarts du revenu net, et les provinces de petite gabelle les deux tiers. >

2 ]1 le montra, d’ailleurs, dans la rédaction de la loi sur les associations professionnelles, qui porte son nom. L