La Révolution française (1789-1815)
— 110 —
Si on repasse dans son esprit les abominables excès de la terreur blanche en 1815, les horreurs qui accompagnèrent le rétablissement de la monarchie, et qui laissent si loin derrière elles les excès robespierristes de 1794, on imaginera facilement les atrocités, les exterminations sans nombre qui auraient eu lieu en France, en l'an V, si le trône et l'autel y eussent été relevés !
Tel fut peut-être, en effet, le seul avantage réel de l'avènement de Bonaparte, quels qu'aient été ses vices el ses crimes, c’est qu'il empêcha que la restauration royaliste se fit légalement en 1800, et servit ainsi de frein au mouvement de réaction monarchique qui, triomphant trop tôt, aurait étendu à la France entière, en les aggravant encore, les massacres du Midi.
En définitive, faute d’une théorie qui indiquât et permit alors l'établissement d'une dictature civile, d'un gouvernement républicain mis à l'abri des attentats du suffrage universel, on ne put assurer le maintien dela République qu'au moyen de l’armée, ce qui était extrêmement fâcheux, puisque cela pouvait ouvrir la voie à une usurpation militaire.
A défaut d’une doctrine réelle et positive, le parti républicaïin ne voyait pas ce qu'il devait vouloir et faire en politique ; au contraire, la doctrine révolutionnaire lui tracait une voie impossible, puisque le verdict du suffrage universel tendait constamment et de plus en plus au rétablissement de la monarchie.
Dans un tel état de choses, l'armée étant incontestablement plus républicaine que la nation, lempirisme poussait donc fatalement vers la solution militaire,