La Révolution française (1789-1815)
— 112 —
n’a plus alors d'autre avenir que de rester général républicain. C’en est fait de ses projets.
« La France ne devait pas avoir cette fortune.
« Il était alors inévitable que la France subit une certaine suprématie militaire, après ces guerres immenses, après le coup d'État de fructidor; mais dans quelles conditions cette suprématie se füt-elle produite avec un tel homme à la tête de l'armée, un homme si désintéressé, si généreux et aimant si sincèrement, si profondément les institutions républicaines? Cet homme eüt évidemment ramené peu à peu la France au régime régulier dont elle était un moment sortie en fructidor. Il eût été ce que Bonaparte a dit un jour, mensongèrement, vouloir être : le Washington de la France (1), »
Qu'aurait dû être cette présidence de la République francaise, occupée par un militaire, que Hoche ne put exercer et qui échut à Napoléon? Qu'aurait dû faire le gouvernement du Consulat ? Reprendre, avec la différence des temps et d’après une vue plus complète et plus systématique, la conception de Danton sur le gouvernement révolutionaire, cette dictature provisoire qu'il avait fait accepter par la Convention en août 1793, et dont le plan avait été exposé par Billaud-Varennes dans son rapport du 28 brumaire an II.
Il fallait garder inflexiblement la République, surveiller rigoureusement les royalistes, ne laisser rentrer les émigrés à aucun prix, et décréter l'exclusion des monarchistes et des aristocrates, restés à l’intérieur, de l'éli-
1. « Ses derniers jours sont la chose du monde la plus touchante. Il ne pensait qu’à sa patrie, qu’il laissait mal gouvernée, mal ordonnée, et lui, qui se sentait capable de /a remettre en ordre el de la conduire à la liberté comme à la victoire, il se sentait mourir! » — (Henri Martin, loco citato, pages 10, 11, 12).