La Révolution française (1789-1815)
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Naples et de Sicile. Je pense que Bernadotte, Masséna, devraient être fixés à Naples avec le titre de princes et avec de gros revenus qui assurassent la fortune de leur famille. Ce moyen, je le prends pour le Piémont, pour l'Italie, pour Parme. Il faut qu'entre ces pays et Naples il ressorte la fortune de trois ou quatre cents officiers francais, tous jouissant de domaines qui seraient dévolus à leurs descendants par droit de primogéniture. Dans peu d'années, cela se mariera dans les principales maisons et le trône se trouvera consolidé.
« Je désirerais bien que la canaille de Naples se révoltât… À tous pays conquis il faut une révolte (4). »
Auguste Comte avait-il tort d'appeler le règne de Bonaparte : l'orgie militaire?
Egalement étranger à la France et à la civilisation de l'Occident, dépourvu de cette passion du bien public, de cette fièvre de sociabilité qui avaient caractérisé l'époque révolutionnaire, sans aucun contre-poids intellectuel ni moral, comme sans tradition, avec une personnalité effrénée et une puissance presque sans limites, malgré sa capacité spéciale pour la guerre et l'administration, qui ne servirent qu'à le rendre plus malfaisant, il s'imagina d'abord de refaire Charlemagne, et, bientôt, de conquérir toute la terre pour y établir en sa personne lamonarchie universelle ! Enfin, nouvel Attila, véritable buveur de sang et mangeur d'hommes, il amena presque immédiatement contre nous une coalition générale, puis l'invasion et la réduction de notre pays ! Il ne s'était servi de sa force que pour nous remettre en esclavage au-dedans et nous faire exécrer au dehors.
« La Bérésina, nom sinistre, dit M. André Lefèvre, en-
1. Correspondance de Napoléon Ier.