La Révolution française (1789-1815)
ASIE
« garde à elles, si elles veulent garder leurs têtes sur leurs « épaules. Et il disait cela aussi tranquillement que s'il se fût « agi de la chose la plus simple du monde. »
Mais Danton n’a pas fait les massacres de septembre; le travail de M. Antonin Dubost est décisif sur ce sujet.
Danton, sous l'impulsion humaine du xvur siècle, malgré l'éducation sanguinaire de l’ancien régime, que M. de Carné a bien notée, répugnait aux violences par trop aveugles; et, comme tous les vrais hommes d'Etat, il n’aimait guère ces cruautés tumultueuses où succombent souvent les innocents, et dont échappent aussi de vrais coupables.
Néanmoins, il savait le devoir qu'impose, surtout au moment des grandes crises, la répression du crime le plus odieux, la trahison envers la patrie.
« En matière de crime d'Etat, dit le grand cardinal de Riche« lieu, il faut fermer la porte à la pitié, et mépriser les « plaintes des parties intéressées et les discours d’une popu« lace ignorante, qui blâme quelquefois ce qui lui est le plus « utile, et souvent même nécessaire. » — Et il s’agit ici autant de la populace riche que de la populace pauvre.
C'est sous l'impulsion d’une si haute vue de la répression nécessaire des crimes contre la sûreté de la Patrie et de l'Etat, que Danton fut conduit à l’une de ses créations les plus capitales : celle du tribunal révolutionnaire, Mais cette institution fait partie de la création qui a placé Danton au rang des grands hommes d'Etat : celle du gouvernement révolutionnaire qui a sauvé la France.
Danton, après l'insurrection légitime du 10 août, dont il fut le principal organisateur, fut nommé membre du pouvoir exécutif comme ministre de la justice. Au fond, il fut le vrai chef du pouvoir exécutif, qui gouverna pendant deux mois à peu près, depuis le 10 août 1792.
Condorcet vota pour Danton. Il justifie ainsi son vote :
« On m'a reproché d'avoir donné ma voix à Danton pour « être ministre de la justice. Voilà mes raisons : il fallait dans « le ministère un homme qui eût la confiance de ce même « peuple dont les agitations venaient de renverser le trône; « il fallait dans le ministère un homme qui, par son ascendant, « pût contenir les instruments très méprisables d’une révo« lution utile, glorieuse et nécessaire: et il fallait que cet