La Révolution française (1789-1815)
— 140 —
gouvernement puissant : le gouvernement révolutionnaire. Le voici :
1° Un comité de gouvernement, sous le nom de Comité de salut public, qui dirigeât surtout la guerre; 2° un comité de sûreté générale qui présidât à la police générale, et remplacät ainsi les polices locales, faibles, instables et souvent rétrogrades; 3° un tribunal révolutionnaire qui jugeñt et punît les coupables des crimes de trahison que la faiblesse et la connivence des justices électives et locales laissaient échapper ; 4° la dictature financière à Cambon; 5° la nation entière appelée à la défense de la patrie.
C'est Danton qui a conçu l'appareil gouvernemental, et cet appareil à sauvé la France. Il à repris la grande tradition d'unité gouvernementale qui avait servi à constituer la France. Voilà son œuvre, voilà sa gloire! Ce fut un grand patriote; mais il eut autre chose que le désir de servir la patrie : il en eut la capacité.
Par là, surtout, Danton se rattache à la série des grands hommes d'Etat : les Cromwell, les Louis XI, les Richelieu; il eut la conception empirique de la haute mécanique sociale. Mais il leur fut inférieur, en ce qu’il manqua de cette persistance de tous les instants, qui veille aux détails en les subordonnant à l’ensemble, et qui s'efforce de conserver le pouvoir, et d’en coordonner les appuis.
Le Comité de salut public Jui échappa. Dans ce Comité, ceux que l’on peut appeler les ministres : Carnot, Robert Lindet, Prieur (de la Côte-d'Or), réalisèrent l’œuvre pour laquelle il avait été constitué, l'œuvre triomphante de la défense de la France.
Mais dans son sein, un triumvirat : Robespierre, Saint-Just et Couthon, tourna bientôt, en l'exagérant, le puissant appareil conçu par Danton en vue du salut public, au profit d'une ambition aussi âpre que vague et rétrograde. Danton voulut alors s'opposer à une telle déviation : il fut brisé.
Pendant que les armées gagnaient des victoires, et que le groupe actif du Comité de salut public les nourrissait, les habillait, les armait, et les coordonnait, Robespierre, au nom des principes et de la vertu, arrivait à des excès d'autant plus monstrueux que nos succès à l'intérieur et à l’extérieur les rendaient moins explicables.