La Révolution française (1789-1815)
— 157 —
tion n’en avait encore jamais entendu. Il est mort, dit-il, tout navré, le jeune guerrier dans lequel la Liberté se plaisait à voir un de ses plus fermes appuis; ni sa jeunesse, nisa gloire, ni l'amour que nous lui portions n'ont pu le préserver du coup fatal. Vertu, génie, talent, limpitoyable mort a tout dévoré! Que dis-je? Le grand homme ne meurt point: s'il entre dans la tombe, c’est pour y commencer son immortalité! Appuyé sur de nouveaux triomphes, le nom de Hoche passera à la postérité la plus reculée ; il dispersera sa gloire en cent lieux divers; les plaines de Wissembourg, les murs de Landau, les rochers de Quiberon, les rives du Rhin sont les monuments éternels qui attesteront aux siècles futurs la grandeur de son courage et la profondeur de ses conceptions. »
Un semblable discours peut s'appliquer à Championnet, quoiqu'il fût certainement inférieur à Hoche, qui était aussi grand politique qu'habile militaire.
Dans de belles et fortes paroles, M. le ministre des finances exprimait tout à l'heure le regret que Championnet ne püt assister à cette tardive glorification, cela est juste et vrai. Néanmoins, n'ayons pas trop de regret : les paroles prononcées par Championnet sur la tombe de Hoche prouvent que, comme le disait Diderot dans ses lettres à Falconnet, il avait entendu le murmure flatteur et approbateur de la postérité.
Si, comme l'a dit Auguste Comte, l'homme est surtout citoyen, l'appréciation de ceux qui vécurent et moururent pour la patrie est vraiment fortifiante. Mais il faut la compléter, en n’oubliant ni la famille qui prépare, ni l'Humanité qui complète. Appelons donc tous les hommes à se réunir vers ce grand idéal, qui peut tout embrasser en tolérant les différences : Vivre pour et par la Famille, la Patrie et l'Humanité !