La Révolution française (1789-1815)

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Le danger était encore augmenté par la récente organisation administrative de la France, qui, d'après le développement extrême des pouvoirs locaux et leur indépendance à l'égard du centre politique, ou du gouvernement, c'est-à-dire du Ministère et de l’Assemblée ellemême, donnait une trop grande force à l'aristocratie et au clergé, toujours très influents dans les campagnes. Pour en avoir une idée exacte, il est bon de se rappeler qu'au mois de septembre 1792, au Conseil exécutif, dans une discussion mémorable, un des membres principaux, Danton, avait été amené à faire cette déclaration à ses collègues :

« …. Le 10 août a divisé la France en deux partis, dont l'un est attaché à la royauté et l'autre veut la République. Celui-ci, dont vous ne pouvez vous dissimuler l'extrême minorité dans l'Etat, est le seul sur lequel vous puissiez compter pour combattre (A). »

Toutefois, à côté de cet inconvénient, le régime issu de la Constitution de 1791 présentait une utilité indispensable à l'action révolutionnaire : c'était de tenir toute la population en haleine et d'appeler chacun à prendre part à la lutte. Aussi, le rôle de l'opinion publique, exprimée dans les réunions politiques surtout, était-il des plus considérables en ce temps : le club des Cordeliers exercait une influence réelle à Paris, et celui des Jacobins possédait en France une action pour ainsi dire universelle. Le club des Feuillants leur était opposé, et. ralliait les efforts de tous les soi-disant modérés. Les

4. Ce fait capital, indiscutable, persista bien longtemps chez nous, si tant est qu'il n’y soit plus à l’état de réalité, et doit toujours être pris en considération dans le cours de cette histoire, quand on veut juger de l'opportunité de la légalité constitutionnelle, et du péril qu'offrait l'exercice du suffrage universel à ce moment. à