La Révolution française (1789-1815)

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qu'il n'avait cessé de solliciter des puissances étrangères; en reniant le manifeste du duc de Brunswick, qu’il avait dicté et corrigé de sa main; en affirmant son amour pour cette ville de Paris qu'il sortait de vouer à l’extermination, aux outrages et à la férocité des soldats allemands !...

Louis XVI s'était donc bien réellement rendu coupable envers la France de ce que, dans son langage indigné et patriotique, le cardinal de Richelieu appelait « le plus sale de tous les crimes » : la trahison politique ; de ce que, dans son énergique attachement au bien public, ce grand ministre faisait inflexiblement punir de mort.

Voilà pour la légitimité de la poursuite et du verdict de condamnation.

D'autre part, il était utile, indispensable de montrer que le nouveau gouvernement, la République, était réellement capable de se faire respecter, de briser le prestige théocratique et de le subordonner à l'intérêt social. A ce point de vue aucune argutie de jurisprudence et de légalité ne pouvait prévaloir contre la raison d'Etat.

Nous le répétons, toute l'éloquence de Desèze ne pouvait changer cette triste vérité que les réformes arrachées à Louis par la force des événements, non consenties par lui de plein gré, étaient en même temps reniées par lui-même en lui-même, à la manière des Jésuites, et qu'il se promettait, en les accordant, de les reprendre bientôt par la force, au moyen de l’élranger.

— «Il se trouvait conduit fatalement à cette conséquence, dit M. de Bourgoing, fatale à lui-même et à son parti, de fonder tout son espoir sur le succès de la coalition, »