La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

X LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

il n’y pas de raison pour qu’elle finisse si ce n’est avec le genre humaïn lui-même. 1 Il était dans la nature de la Révolution de s’élargir ainsi dans l’espace et dans le temps. Car (M. Léopold Lacour vous l’a fait voir) si ces hommes d'action, dans la pratique, se sont montrés d’un traditionalisme qui, vu de loin, nous déconcerte, —hésitant à se débarrasser de la monarchie, s’ingéniant à inventer un catholicisme inoffensif, invoquant avec candeur l Être supréme comme les despotes de 1815 devaient invoquer la Sainte Trinité, — il n’en est pas moins vrai qu'ils avaient conçu, en politique, l’idée de l’universel et de l'impérissable. C’est l'ampleur infinie de leur idéal qui a fait leur allégresse aux jours de

naïve espérance, ensuite leur énergie farouche. De leurs volontés particulières, beaucoup, cause des circonstances, ont avorté provisoirement. Il n’en est pas de même de leur dessein fondamental, qui était d'installer sur le trône du monde la raison pure. Ils l'y ont mise en effet, et elle n’a été délogée ni par les hommes de violence, ni par les hommes de ruse. Aussi les 118 ans qui nous séparent de 1789 n'ont point été si stériles qu'on veut bien le dire. La France a conservé et affermi l’égalité juridique des citoyens ; elle a conquis le suffrage universel, le droit de grève, la liberté de la plume et de la langue, la légalité du divorce motivé, l'instruction obligatoire, lalaïcisation de l” État. Hors de France,