La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui
108 LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
ou désastreux vestiges des temps féodaux, ajoutez les nationalismes régionaux, entretenus par tout cela, précisément : oui, ces patriotismes, non pas de la province, mais de la « nation bretonne », comme elle disait; non pas de la province, mais de la « nation provençale », comme elle disait, elle aussi; ou encore de la « nation béarnaise », ou du « Royaume de Navarre », ou du Dauphiné qui, n’ayant pas oublié une des conditions de sa cession à la France, au quatorzième siècle, voulait bien être « dans le royaume», mais « non pas du royaume »; et vous comprendrez le mot de Mirabeau définissant la France d’alors, comme je l’ai déjà rappelé : « une agrégation inconstituée de peuples désunis ».
Par quel miracle ces peuples désunis devinrent-ils en quelques mois une seule et même nation ? Parce qu’en dépit de leur particularisme, — très atténué d’ailleurs chez nombre d’entre eux, — ils éprouvaient tous un besoin d'ordre administratif et de liberté économique ; parce qu'ils aspiraient tous, plus ou moins, mais tous, et la plupart d’entre eux ardemment, aux bienfaits d’une législation unique.
Le particularisme, c'était, en eux, le passé encore vivant, encore présent, si j'ose dire, quoique très affaibli, je le répète, dans maintes régions; la tendance à l'union, à la fusion, bref au large patriotisme national que célébrera si magnifiquement la France de 1790, c'était l’avenir près d'éclore.