La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION, LA PATRIE ET L'HUMANITÉ 109

Imaginez l’eflet, sur cette disposition grandissante, de l'enthousiasme provoqué par la convocation des États généraux (août 1788). Et, avant même, souvenons-nous que « l’idée » de ces États, comme a écrit Chateaubriand, « était dans toutes les têtes »; qu'ils avaient été demandés par le Parlement de Paris dès juillet 1787; que le même Parlement les demanda de nouveau en mai 1788, et par un arrêt qui vpposait «les lois », et les droits «de la nation », à l'autorité royale ; que les autres Parlements firent chorus; enfin que, le 21 juillet de cette année 1788, six cents députés dauphinois, représentant les trois ordres, et réunis au château de Vizille, y rédigèrent un appel à la France entière pour que, partout, l'on refusât l'impôt jusqu'au moment où les États généraux seraient convoqués.

La convocation en suscita partout un véritable enthousiasme : on l’a cent fois, mille fois décrit, on ne le décrira jamais trop : ce furent des jours d'incomparable ivresse, qui firent déjà la patrie dans les cœurs ; la loi n’eut plus, l’année suivante, qu'à la proclamer et à l’organiser : moralement, depuis des mois, elle existait.

Et, sous ce point de vue encore, la Révolution nous apparait donc comme ayant achevé, d’un élan merveilleux, l’œuvre de la royauté !

Celle-ci, pièce à pièce, par le fer et laruse, par des mariages, par des traités, par des guerres justes ou injustes, à travers d’étonnantes vicissi-

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