La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

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quefois de marcher à la tête de leurs troupes, faute d'argent pour s’acheter des chevaux, « portaient sans rougir des habits usés par la guerre, et plus honorables cent fois que les broderies et les décorations de toute espèce dont, plus tard, on les a vus chamarrés ». Officiers et soldats, enfin, joignaient à la « persévérance », au « dévouement », à | « audace », la « bonté », car ils « se faisaient souvent aimer dans les pays étrangers, lors même que leurs armes y avaient fait du mai (1) ».

Oui, ces héros, c’étaient de véritables républicains; mais il était fatal que l'esprit militariste s’introduisit, un jour ou l’autre, parmi eux ou leurs successeurs ; et cela commença du jour où l’ambition de Bonaparte fit appel, non plus aux vertus désintéressées, mais aux basses vertus que soni le courage égoïste, l'orgueil de la force ou de la ruse, l’amour de la gloire, abstraction faite de toute idée de justice, et surtout à ces instincts de pillerie et d’orgie qui ressuscitent, dans le soldat vainqueur, la brute préhistorique.

Le plus grand malheur de la Révolution est d'avoir rendu Napoléon possible ; et si l’on essayait de nous consoler en nous disant qu'après tout, sous une certaine optique, Napoléon, ce fut la Révolution à cheval, je répondrais que la part de vérité renfermée dans ce mot est précisément

(1) Considérations sur la Révolution française, troisième partie, ch. XVII, et quatrième partie, ch. XIV.