La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION, LA PATRIE ET L'HUMANITÉ 115

ce qui afflige le plus notre amour de la Révolution : car elle n’est devenue ce cavalier, ce César, qu’au mépris de ses principes de justice, de liberté, d’humanité ; et ce qu'elle a donc promené par l'Europe monarchique et féodale, effrayée, bouleversée, ce n’est pas son âme libératrice, mais seulement le triomphe d’un arrivé de son militarisme final.

Et aussi bien, patriotiquement parlant, le plus clair de l'épopée napoléonienne, cela n’a-til pas été de susciter contre la France un chauvinisme allemand qui, en effet, n'existait pas, et de semer partout des germes de haine qui ne fructifièrent que trop, puisque, parvenues à maturité et victorieuses enfin, ces haines nous coûtèrent les conquêtes utiles et vraiment glorieuses de 1795.

Mais laissons tabs de côté. Les guerres révolutionnaires elles-mêmes ont eu cette conséquence désastreuse de fausser longtemps, dans nombre d’esprits, l'image de la Révolution, qui eùt voulu, d’abord, — Michélet l’a dit admirablement, — donner au monde l’amour et la paix ; qui était essentiellement amour et paix. « Les eflorts violents, terribles, qu’elle fut obligée de faire pour ne pas périr, écrivait l'illustre ri oies ici profondément vrai, — une génération oublieuse les a pris pour la aie elle-même. Et de cette confusion il est résulté un mal grave, très difficile à guérir chez ce peuple: l’adoration de la force (1). » L’adoration de la force au service de

(1) Préface de 1847.