La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui
LA RÉVOLUTION POLITIQUE 33
siècle, avec Louis-le-Gros (1108-1137). Tous nos rois intelligents (pour ne pas dire tous) la poursuivent, jusqu’à l’heure où l'aristocratie n’est plus pour la couronne qu’une parure de plus (dix-septième siècle). Alors, du reste, la monarchie, payant sa victoire, tend à devenir la prisonnière de la classe qu’elle a domestiquée. Involontairement et insensiblement, — tout de même assez vite, — elle s'éloigne de la nation. Celle-ci ne s’en rendra pas compte avant la Révolution, et c'est pourquoi, en 1789, elle est encore si royaliste. Le roi, pour elle, c'est elle-même, dans un homme !
La conclusion s'impose. Du jour où une révolution se produisait, il était fatal que .la nation entière, y participant, voulût en bénéficier. D'un mot, il était fatal que cette révolution fût, politiquement, égalitaire.
Je serais heureux de citer ici Auguste Comte : car, s’attaquant à l'utopie des soi-disant sages qui, en 1789, auraient désiré importer chez nous la constitution anglaise, il a démontré à quel point cette prétendue sagesse était folie; à quel point elle méconnaissait les /radilions de notre histoire, en même temps que le {empérament de la race.
Mais, peut-être, n’ai-je déjà fait que trop de citations. Et puis, un mot résumera tout. Depuis le treizième siècle (la Grande Charte est de 1215), l’évolution politique de l'Angleterre avait été aristocratique et parlementaire : tout l'opposé, par