La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

32 LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

assez jolie décoration pour des gens illettrés, grossiers et sans biens ? Silence aux pauvres !

Seulement, il ne se pouvait plus qu'ils restassent muets, ou que des voix puissantes ne s’élevassent pour eux. Et il ne se pouvait pas que ces voix, peu à peu, ne fussent les plus fortes. Des principes peuvent être, à la fois, proclamés, acclamés et, en réalité, bafoués ; c’est qu'ils n’ont pas encore avec eux les circonstances. Contre le régime censitaire il allait y avoir une conjuration croissante des circonstances avec le principe.

Aussi, quand je dis voir dans la Révolution l'aboutissement d’une longue évolution politique et sociale, je pense à l’établissement du suffrage universel plus même qu’à la proclamation de la République.

On peut envisager l’hypothèse de la royauté dirigeant la Révolution ; l'hypothèse de la Révolution se développant sous le régime censitaire est incompatible et avec l’idée qu'il faut se faire de l'émotion universelle à cette époque, et non moins, ajouterai-je, avec ce que tout le monde doït savoir du développement historique de la France à partir du moment où la royauté commença de lutter contre les grands et dut s'appuyer, pour cela, sur les petits, sur le peuple.

Cette politique royale d’auto-affranchissement — politique forcément démocratique, et qui, favorisée par le tempérament national, le rendit encore plus égalitaire, — commence au douzième