La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui
LA RÉVOLUTION POLITIQUE 31
On veut aussi la liberté individuelle et ladmissibilité de tous les citoyens aux emplois.
Ce dernier vœu, très vif (dans la bourgeoisie surtout), est la forme initiale d’un désir qui deviendra une passion, et dans peu : le désir de l'égalité des citoyens entre eux, à tous égards.
La remarque est assez importante : ce n’est pas par le désir de l'égalité, mais par celui de la liberté que l'esprit révolutionnaire se manifesta d’abord. Mais, dans le besoin d’une Constitution, il y avait déjà, enveloppé, le principe que la Constituante formulera, dès septembre 1789, dans ce premier article de la Constitution : « Tous les pouyoirs émanent essentiellement de la nation et ne peuvent émaner que d'elle. »
Aussi bien, le dogme, comme on dit, de la souveraineté nationale avait été professé par plus d’un écrivain. Il est vrai que, sous la plume même d’un Jean-Jacques, d'un Mably, cela se réduisait, en fait, à proposer le gouvernement de la bourgeoisie. La Constituante établit ce gouvernement, au mépris, je le répète, de sa Déclaration des Droits, la nation ne lui apparaissant que sous la figure des classes possédantes. Il y eut jusqu’au 10 août 1792 deux catégories de citoyens: les cifoyens actifs (plus de quatre millions, d’ailleurs), qui avaient le droit de vote, et les passifs (environ trois millions, si je ne me trompe), à qui leur titre de citoyens devait suffire. N’était-ce pas une