La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui
44 LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
tions aux États généraux, ne voulurent-ils choisir pour représentants que des curés ; et de fait, sur trois cents députés du clergé, il y eut deux cent huit curés, — lesquels, dit encore Taine, apportaient avec eux, contre leurs chefs, « la défiance et le mauvais vouloir », grâce à quoile Tiers put contraindre les deux autres ordres à se réunir à lui en Assemblée nationale (juin 1789).
La Constituante se figura qu’elle serait suivie par ce bas clergé ; qu’il accepterait même avec joie une réforme démocratique et comme évangélique de l’Église ; et elle pouvait d'autant mieux s'y tromper, ou, si vous préférez, elle est d'autant plus excusable de s’y être trompée, qu’elle avait décrété en 1789 (2 novembre) : « Dans les disposilions à faire pour subvenir à l'entretien des ministres de la religion, il ne pourra être assuré à la dotalion d'aucune cure moins de douze cents livres par année, non compris le logement et les Jardins en dépendant. »
Si, néanmoins, les deux tiers des curés se refusèrent à prêter le serment, c’est : 1° que leur conscience de croyants s’alarma (non à tort, je l’ai dit); et 2° que la violente campagne des évêques contre la Constitution civile les intimida.
« Ce fut, a justement écrit Michelet, pour défendre leurs monstrueuses fortunes, leurs millions, leurs palais, leurs chevaux et leurs maitresses, que les prélats imposèrent aux prêtres la loi du martyre. Tel qui voulait garder huit cent