La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION ET L'ÉGLISE 45

mille livres de rente fit honte au curé de campagne des douze cents francs de traitement qu'il acceptait de l'Assemblée (1). »

Puis, j'y reviens et vais y insister, il y avait pour engager la Constituante dans la voie dangereuse où elle allait, sans le savoir, semer le germe d’une guerre civile, il y avait la tradition gallicane de la royauté. Cette tradition, un instant rompue par François I°, datait du treizième siècle, et de qui? de saint Louis : car ce parfait chrétien, canonisé moins de trente ans après sa mort, ce roi qui entreprit les deux dernières croisades et qui périt dans la dernière, s'opposa vigoureusement aux prétentions de la papauté, ivre alors d'un réve, presque réalisé d’ailleurs, de domination universelle. Par sa pragmatique sanction de 1268, il déniait au pape le droit d'intervenir dans quantité d’affaires qu'il regardait comme les affaires propres de l’Église de France.

Et si l’on m'objecte que c’est, peut-être, une fable, — l'authenticité de cette pragmatique a été contestée, — je n’essaierai pas de résoudre la question, mais je rappellerai ce qui n’est pas niable : — Philippe-le-Bel contre Boniface VII, et nos premiers États généraux soutenant Philippe contre ce pape qui l’avait déposé et qui disait : « Il y a deux glaives, le spirituel et le temporel. Tous les deux appartiennent à l'Église. L’un est dans la main du pape, l’autre est dans la main

(1) Histoire de la Révolution française, liv. III, chap. IX. 3.