La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui
LA RÉVOLUTION ET LA QUESTION SOCIALE 77
gouvernement des rapports « que l'Office moderne du travail ne désavouerait pas » : tels, notamment, ceux du futur girondin Roland, qui, rédigés cinq ans avant la Révolution, nous offrent de si précieux renseignements « sur l’état de l’industrie, la forme de la production et la condition des salariés ».
Laissons de côté la haute bourgeoisie capitaliste et financière : fermiers-généraux, grands fournisseurs des armées, principaux actionnaires de la Caïsse d'Escompte ou des Compagnies privilégiées comme la Compagnie des Indes; aristocratie d'argent qui avait intérêt à maintenir Pancien régime, mais qui, pourtant, — je cite encore M. Jaurès, — « par sa puissance même, rejetait au passé la vieille aristocratie foncière et nobiliaire (1) ». Quand nous disons que la Révolution, d’abord et avant tout, fut une révolution sociale — ou politico-sociale, — parce qu’elle fut, d’abord et surtout, l'avènement politique d’une classe, c’est à cette classe prise en masse que nous pensons. Elle n’était pas très nombreuse; mais sa créance sur l’État, créance énorme, et son activité commerciale et industrielle la disposaient assez justement à s'appliquer à elle seule un mot comme celui que Sieyès allait jeter : « Qu'est-ce que le Tiers-État ? — Tout ! (2) ».
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(2) Assurément, le Tiers-État, c'était toute la nation, en :
dehors des deux ordres privilégiés ; mais, pour la bourgeoisie, n'était-ce pas elle surtout ?