La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui
78 LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
En 1789, la dette publique s'élève à A milliards h67 millions (d’après Necker), d'où une uette annuelle de 230 millions. Si bien que la bourgeoisie (les créanciers du Trésor sont presque tous des bourgeois) est « maîtresse financièrement de l'État avant de s’en emparer politiquement (1) ». Et, craignant une banqueroute totale ou pertielle, banqueroute de plus en plus menaçante, elle aspire, d’une volonté de plus en plus nette, à cette prise de possession.
D'autre part, c’est presque exclusivement au profit de cette classe que le commerce extérieur de 1715 à 1789 a quadruplé.
En 1787, le chiffre des importations, sans même compter les produits des colonies, est de 310 millions; celui des exportations, de 524 millions. Et nos seules colonies d'Amérique nous envoient pour 248 millions de marchandises contre 78 millions qu’elles reçoivent de France. Aussi, nos grands ports, Nantes, Bordeaux, Marseille, présententils le spectacle d’une prospérité qui ne cesse de croître. « Je tiens Bordeaux, écrit l'économiste anglais Arthur Young, pour plus riche et plus commerçante qu'aucune ville d'Angleterre, excepté Londres ».
Et l’activité industrielle n’est pas inférieure à cette activité commerciale. Dans le Languedoc, dans les Cévennes, les manufactures de drap se multiplient ; en Normandie, les fabriques d’étoffes ;
(1) Jaurës, La Constiluanie, p. 42.