La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui
LA RÉVOLUTION ET LA QUESTION SOCIALE 83
ment, le 44 août, le clergé lui-même abandonna les dimes; et, quant aux droits féodaux, s’il y eut des gens pour en acheter, la Révolution dut arriver, en 1793, à les supprimer tous purement et simplement.
La Législative avait déjà corrigé les décisions de la Constituante (juin-août 1792) : la Convention biffa ce qui en restait, par une loi qui, en ne voulant qu’effacer les derniers vestiges de la propriété féodale, frappait indirectement la propriété nouvelle, cette propriété énviolable el sacrée pour les plus ardents même des montagnards (1).
En supprimant jusqu'à ceux des droits féodaux dont les titres primordiaux subsistaient, et que des bourgeois, des paysans avaient pu acheter, avaient achetés, sur la foi non seulement des décrets de la Constituante, mais de ceux même de la Législative, cette loi du 47 juillet 1793 dépouillait bien, en effet, des propriétaires que la Déclaration des Droits aurait dû, semble-t-il, mettre à l'abri. Suivant un mot de M. Aulard, c'était un « supplément de révolution sociale (2) »; et les socialistes qui parlent d’exproprier la bourgeoisie sans indemnité pourraient invoquer ce précédent... bourgeois. Mais en ont-ils besoin? Ne leur est-ce pas un double argumenthistorique suffisant que: l°lasuppression progressive du rachat, considéré d’abord
(1) Sauf pour quelques-uns d’entre eux, peut-être. (2) Histoire politique de la Révolution française, p. 448.