La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815
92 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES
de l'appauvrir en abolissant les droits féodaux que le seigneur perçoit à litre de souverain local, naturellement sans indemnité, et en déclarant rachetables les droits qu'il perçoit à Ulre de propriétaire foncier et de bailleur simple, sans prendre les précautions nécessaires pour assurer et faciliter le paiement de ces créances ; elle achève seulement de la dissoudre en abolissant les droits des ainés et des males dans les successions @b intestat, en restreignant la liberté testamentaire; elle achève seulement de la dédorer, en supprimant les titres, les noms de terre, les armoiries ; elle achève seulement de la « déraciner » (1) par les persécutions et l'exil où elle l’accule.
Mais si l'Assemblée déerète l'unité du pouvoir législatif, ce n’est pas parce qu'elle «ne constitue que pour des êtres abstraits » ; cen’est pas parce qu’ «au lieu de classes superposées, elle ne voit que des individus juxtaposés » ; ce n'est pas parce qu'elle néglige « l’avantage de la nation » pour « les droits imaginaires des hommes » (2). C'est parce que la formation d'une Chambre haute était impossible.
Elle était impossible € parce que nul n’en voulait », énonce Thiers ; disons que la plupart des privilégiés et des non privilégiés la rejetaient : les uns, dans le tiers, parce que, aristocratique, elle ne pouvait être, au
(1) Taine. Ancien régime.
12) Taine. fèégime moderne. 1 suffirait à la rigueur d'en ap-