La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815
106 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES
€ L'unité ne consiste pas seulement dans celle du gou« vernement, mais dans celles de tous les intérêts et € de tous les rapports des citoyens » proclamait Saint« Just, dans un discours prononcé le 26 germinal an IT, « et il ajoutait le 23 ventôse : « Tout parti est criminel, « parce qu'il est un isolement du peuple et des Sociétés « populaires. La souveraineté du peuple veut que le « peuple soit uni. Toute fraction est donc un attentat « à la souveraineté du peuple. I ne faut point de &« parti dans un État libre pour qu’il puisse se main« tenir. »
On n’en demeurait pas moins préoccupé d’enchainer la tyrannie redoutée du Corps législatif. Le projet de constitution montagnarde qui fit échec au projet girondin instituait un haut jury « Tribunal imposant et consolateur créé par le peuple à la même heure et dans les mèmes formes qu'il crée ses représentans ; auguste asile de la liberté où nulle vexation ne sera pardonnée et où le mandataire coupable n'échappera pas plus à la
“justice qu’à l'opinion (4). »
Piètre garantie que celle du jury chargé d'agir, non pas sur l’ensemble du Corps législatif, mais sur la personne même de ses membres, selon la tendance individualiste des esprits d'alors. Chabot poursuivra logiquement cette ordonnance des garanties personnelles, quand
(1) Hérault de Séchelles. — Seconde tentative d’érection d’une Cour suprème dont Sieyès donnera bientôt le plan. Cf, p. 72.