La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

126 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

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qu'admises. Ces listes de notabilité, dans lesquelles on devait puiser à la fois les corps délibérants et les fonctionnaires exécutifs, c'était le suffrage universel, universel mais nul, car elles constituaient un cercle de candidature si vaste, que lobligation de choisir dans ce cercle était un pouvoir absolu d'élire, déféré au gouvernement et au Sénat... Ce Sénat se nommant lui-même et tous les Corps délibérants, nommant le chef du pouvoir exécutif, l’absorbant dans son sein, ce Sénat pouvant tout cela, mais privé de fonctions actives, ne prenant aucune part à la loi, se bornant à la casser si elle était inconstitutionnelle, ce Sénat réduit ainsi à une sorte d’inaction, pour qu'il fût plus désintéressé, et animé seulement du sentiment de la conservation, ce Sénat était bien limitation savante mais exagérée d’une pairie aristocratique, prenant peu de part au mouvement des affaires, l’arrêtant quelquefois par son veto et recevant dans son sein les hommes qui, après une carrière agitée, viennent se reposer volontiers au milieu d'un Corps grave, influent et honoré, Ce GrandÉlecteur, enfin, c'était bien la royauté réduite au rôle peu actif, mais considérable, de choisir Îles chefs agissants du gouvernement ; c’élait la royauté, mais avec des précautions infinies contre son origine et sa durée, car elle sortait de l’urne du Sénat et pouvait s’y ensevelir au besoin. En un mot, ce suflrage universel, ce Corps législatif, ce Tribunat, ce Sénat, ce Grand-Électeur ainsi constitués, énervés, neutralisés les uns par les autres, attestaient un prodigieux effort de l'esprit humain pour réunir dans une même Constitution toutes les formes connues de gouvernement, mais pour les annuler ensuite à force de précautions » (1).

(1) Histoire du Consulat et de l'Empire, &. T, p. 83-84.