La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815
INTRODUCTION D reste, alors, dans l'Etat, un corps et un pouvoir intermédiaires ? La Révolution, sans doute, n’a renversé que des ruines mal élayées; mais elle les a émiettées. L'individu subsiste seul. De millions de citoyens épars, Bonaparte prétend recomposer une société hiérarchisée. Il crée des centres aristocratiques dans le département et dans la nation : parmi eux, Île Sénat, qui les domine. Sous l'Empire, ce collège de fonctionnaires civils, militaires, ecclésiastiques, où d’anciens émigrés et des étrangers viennent se méèler aux survivants las des assemblées révolutionnaires, évolue vers une pairie que réalisera l'Acte additionnel. Or, cette aristocratie de satisfaits n'est qu'un reflet de la gloire de Napoléon, et s'éteint avec elle. Louis XVII, Charles X tentent alors de s'appuyer sur l'ancienne noblesse. Mais, caduque dès avant 1789, décimée par les proscriptions, appauvrie par les confiscations, rétrécie dans l'exil, disqualifiée par les aumônes impériales, haïe pour ses triomphes insolents et maussades, ce n’est plus, drapé dahs le manteau neuf de la pairie, qu'un fantôme d’aristocratie. En vain la Monarchie de Juillet s’efforcera-t-elle nécessairement de substituer aux forces mortes du passé les volontés vives du présent et de l’aveuir. Le système des catégories qui ouvre la Chambre des pairs aux fonctionnaires, aux magistrats, aux membres des conseils généraux, aux citoyens décorés, y in-