La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

LA THÉORIE DE MONTESQUIEU A1

« Les pouvoirs intermédiaires, subordonnés et dépendants, constituent la nature du Gouvernement monarchique, c’est-à-dire de celui où un seul gouverne par des lois fondamentales... Ces lois fondamentales supposent nécessairement des canaux moyens par où coule la puissance : car s'il n’y a dans l'État que la volonté momentanée et capricieuse d’un seul, rien ne peut être fixe, et par conséquent aueune loi fondamentale. « Le pouvoir intermédiaire subordonné le plus naturel est celui de la noblesse. Elle entre, en quelque façon, dans l'essence de la monarchie, dont la maxime

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à sa nature, qui est concentration du pouvoir, l'aristocratie « tend à se faire de plus en plus restreinte jusqu’à n'être plus « qu'aux mains de quelques-uns, dont le plus fort l'emporte ». Le dix-huitième siècle. Montesquieu.

— Sans doute, mais ne conviendrait-il pas d'observer que le premier aphorisme est inscrit dans le fameux ch. VI, du livre XI, qui traite « De la constitution d'Angleterre », c’est-àdire d’une constitution monarchique ; que le second intervient dans un chapitre qui traite tout au contraire « De la corruption du principe de l'aristocratie » ; qu’il s'en faut que Montesquieu fixe à la monarchie et à l'aristocratie les mêmes principes, les mêmes conditions [QI ne faut pas que l'aristocratie prenne la nature et le principe de la monarchie...» (I. V,ch. VIT) |; et que, notamment, tandis qu’il préconise les substitulions, les retraits lignagers, les majorats pour les familles nobles, dans la monarchie, il les interdit dans l'aristocratie où, tout au contraire «tous moyens inventés pour perpétuer la grandeur des familles dans les États monarchiques, ne sauraient être d'usage... » (1. V, Ch IX "et. x).