La Serbie agricole et sa démocratie
avait obligé les campagnards à aller s’abriter dans les villes. C’est pourquoi, dans les nouvelles provinces de la Serbie, la population urbaine est proportionnellement plus importante que dans les anciennes.
De même que le déplacement de la population campagnarde vers les villes, l’émigration à l’étranger est restée inconnue à la Serbie, alors qu’elle se faisait dans de grandes proportions chez les pays voisins. Chaque année, des milliers de campagnards quittaient la Turquie d'Europe, la Hongrie, la Bosnie, l'Herzégovine et la Grèce (1). Les parties de la Serbie de l’Est seules envoyaient autrefois des travailleurs agricoles à la Roumanie pour les travaux de moissons; mais avec le développement de l’industrie minière dans les départements de l'Est (mines de Bor) cette émigration a cessé.
Quoique la disproportion entre la population urbaine et la population rurale soit marquante, et quoiqu'on ait pu regretter que les villes serbes n'aient pas pris plus de développement, la stabilité des campagnards et leur attachement à la terre ont assuré à l’agriculture la main-d'œuvre nécessaire et préservé des méfaits d'une agglomération de la population pauvre dans les villes encore trop peu
(1) De 1906 à 1907, le bureau d'immigration de New-York enregistrait à l'entrée plus de 36.000 sujets hellènes important près de 5 müllions de francs. Il n!y a pas en Grèce, d’après M: de ©, de La Rocca, de petite ville qui, entre son église et son marché, n'exhibe une enseigne où un transatlantique, entouré de grands panaches de fumée grise, vole sur les vagues d'azur, vers le pays d'or. L'enrôlement des émigrants est devenu une véritable enireprise, qui étend ses ramifications sur la totalité du pays. Des racoleurs courent les moindres boursades; leur métier est si rémunérateur que la Commission parlementaire de 1906 citait le cas d’un prêtre jetant son froc aux orties pourentrer.dans «cette carrière ». (La Grèce économjque el financière, par H. LefeuvreAfeaulle, Alcan, 1916, p. 4-5.)
Von TELE)