La Serbie
S LA SERBIE 3
LA SITUATION ÉCONOMIQUE DE LA SERBIE
amedi 16 Février 1918 — No 7
A LA VEILLE DE 1912-1913
par Kosta STOYANOVITCH, ancien Ministre du Commerce serbe
Sur Une population de trois millions d'habitants, qui fut celle de la Serbie à la veille de 1912-13, 10 % sent adonnés au commerce, à l'industrie et autres professions libres; le reste, 90%, appartient à l'agriculture.
La petite jpropriété, qui se développait des zadrcugas serbes, constitue le trait essentiel et caractéristique de la Serbie agricole.
Les terres sont distribuées comme suit: 55 0 des terres arables sont pratagées en des pnopriétés de 5 hectares ; 27 0 constituent des pr'opriétés de 5 à 10 hectares; 14 % représentant les prepriétés de 20 hectares, et 40% à peine sont les propriétés dépassant 20 hectares.
La culture des terres est encore dans la phase extensive. Quant au capital d'exploitation, il s'appuie surtout sur la main-d'œuvre des zadrougas, ct ce n'est pas depuis longtemps que l'agriculture a cammencé à puiser ses forces dans les associatiens agricoles, qui comptent: 615 établissements de crédit, 52 sociétés coopératives \le conscmmolion et 153 associations pour l'achat des instrument aratcires. Parmi d’autres corporations, est à menticnner 45 associalions de secours mutuels et 40 ccmmunautés pour la préparation ccllective des vins, du lait et des autres produits. Le nicmbre total de membres de ces associations s& atteint, en 1910, le chiffre de 34000; la plupart de ces membres scnt des propriétaires de terres et chels de famille.
Le Crédit femcier (Ouprava Fiondova) et les institutions de crédit privées soutiennent les paysans, surtout ‘pour les achats de terres, dont le prix, moins pour des raisons d'ordre économique que psychologiques, avait monté jusqu'à 5 ou 6.000 fr. par hectare,
Sur une suriace de 48.000 kilomètres carrés, qui fui celle de la Serbie jusqu'en 1912-13, 2.000.000 d'hectares sont la propriété privée, le reste constue les forêts, les eaux, les montagnes, ou la prepriété de L'Etat ou ides communes.
Selon, les statistiques de 1905, les terres arables scnt réparties comme suit:
Blés et autres céréales.. 1.020.000 hectares
Potagensi fi. sec 25.800 » Vignobles... .. 33000 » Vergers”....., ANS > 136.000 » PrÉS. , dus dos denses ee 322.000 » PATUTAPESS 40e 95.700 » Bois, enclos............ 136.400 » Forêts... 2200 166.600 » Ferres en friches ...... 50.000 » . Différentes autres terres 60.000 »
Total... 2.045.000 hectares La production lies céréales occupe 1.250.000 hectares, dont 46 0 sont du maïs, 30 0 ‘du blé, 9 % de l'avoine. La production iles légumes ét des autres plantes potagères occupe 37.000 hectares; les plantes destinées au commerce, 22.000 hectares. | Jusqu'en 1884, es vignes s'étendaient sur une surface de 80.000 hectares, mais l'apparition du phyllexéra méduisit ce chiffre de façon qu'en 1909 it n'en restait que 32.000 hectares. Les nouveaux vignables sont cultivés à l'américaine. L'exportation des pruneaux vient en premier lieu dans l'exportation des fruits. En 1908, les vergers de pruniers œccupaient un espace de 147.000 hectares et l'exportation de cette même année montait à 490.000 quintaux de pruneaux valant 10.000.000 de francs, et 149.000 quintaux de marmelades de prunes valant 1.000.000 de francs. Selon Les ptatistiques de 1905, l'élevage du bétail en Serbie se trouvait dans la situation survante :
Bœufs ......... 963.000 têtes Porcs.......... 908.000 » Moutons ....... 3.160.000 » Chèvres...... . 510.000 »
Total... 5.541.000 têtes de bétail
Au cours des derniers vingt ans, notre stock de bétail varie autour de ce chiffre. Si, quelque part, de mombre diminuait, la qualité s’améliorait ailleurs, car, avec le croisement de différentes races de bétail de l'étranger, nous obtenons chaque année une meilleure quantité de bétail, qui représente par conséquent une plus grande valeur. En 1905, l'exportation du bétail a atteint Île chiffre de 30.000.000 de francs, dont 12.000.000 de francs pour les bœufs, 15.000.000 pour les
percs, 1.000.000 pour les moutons et 2.000.000
peur la volaille, L’exportation de viande et de ses produits atteignit la valeur de 7.000.000 de francs.
Les fcrêts couvrent en Serbie une surface de 1.517.000 hectraes, dont 550.000 hectares sont la propriété de l'Etat, 650.000 des communes, 17.000 des couvents et 300.000 des propriétaires privés. IL y a 100% d'arbres à aiguilles et le reste d'arbres à feuilles caduques. Quant aux forêts, celles sont réparties ainsi: 302.000 hectares de hêtres, 137.500 hectares de chênes, 27.500 d'autres arbres à feuilles caduques et 82.0000 de sapins. L’exportation des bois n'est pas considérable: en 1909, cn en exporta 14.000 tonnes, représentent une valeur de 1.250.000 francs.
IL
L'industrie meunière vient en premier lieu dans notre industrie naitonale. Nous avons 250 moulins à vapeur valant 10.000.000 de francs (en 1909). Ce ncimbre de moulins, complété par celui des meulins à eau, sert à satisfaire les besoins de ccnsommation (du pays.
On n’expcrte qu'une petite quantité de farine: en. 1909, 120.000 tennes seulement furent exportées.
En secend lieu vient l'industrie de la brasserie. H ya en Serbie 5 grandes brasseries, dent la valeur tciale était de 5.000.000 de francs et qui preduisaient 112.000 hectolitres de bière par année (statistiques de 1909). En. cutre, il y avait encore les petites brasseries. La preduction totale est presque entièrement éonsommée dans le pays; on
Tableau du mouvement commercial par pays pour l’année 1911
Importation
Exportation en francs
Pays de provenance et en francs
de destination
a
Allemagne . . . .
.| 31.347 000 | 28 933 000
Amérique . . .« « . ! 2.136.000 | 3.609 000 Angleterre. . . . . 9 524 000 87.000 Autriche-Hongrie. .| 47.448 000 | 48 433.000 Belgique. . . . . . | 2.081.000 | 6.142.000 Bosnies .. ..... | 220 000 112 000 Bulgarie : . .-.… . 697 000 2.802.000 Danemark . . . .. 2.600 Egÿpleesn he _ 2.000 Espagne. . . . . . 72.000 FTANCE EE ER. 5 746.000 3 841.000 Grèce re 325.000 110 000 Hollande... : 509 000 7.000 ltalié.= ER 4.861.000 | 4.394 000 Monténégro . , . . 69.000 3,000 Norvège. ten — 5.000 Portugal. 0, 9.000 Roumanie . . . . . 1.539.000 | .6.141.000 Russie CR ee 3.392 000 53 000 Suisse . . . . . . .| 1 553 000 258.800 Suède .....: 80.000 Turquie . . . . . .| 3.814.:00 | 11 984 000
Totaux. . .[115:424.000 |116.916.000
n'en experie que des petites quantités en Bulgatie et en Turquie.
Ncus avons ensuite deux fabrriques de sucre qui preduisaient 120.000 quintaux par année. Le capital engagé dans ces deux fabriques est ile 12.000.000 de francs.
Les autres fabriques scnt: deux fabriques de chanvre produisant 12.000 quintaux par année, qui sent entièrement exportés ; deux fabriques de tissus, une ge filature, quatre tanneries, deux fabriques de chaussures, deux fabriques de verres, six fabriques de savon, deux fonderies. I y a en cutre en Serbie plusieurs autres petites fabriques, dont les capitaux de fond varient de 100.000 à 250.000 francs.
L'industrie des mines joue un rôle important. Sa production qui, en 1900, ne représentait qu'une vaeur de 2 à 3 millions, a monté en 1912 jusqu'à 20 millions de francs. La houille, le fer, l'ct, le cuivre, le plomb, le chromate et l'antimoine, sont les principaux produits de l’industrie minière serbe. .
La plupart des métaux extraits des mines de
Serbie, et surtout le cuivre, sont exportés à l'étranger. Quant à la houille, nous en avons trop, mais les mines n'étant pas suffisamment explcitées, la production n'est pas même suflisante pour répondre aux besoins du pays. Si ce geñre d'industrie prend un plus grand essor, ncus pourrons en exporter des grandes quantités.
III
Quant au ccmmertce serbe, on peut dire que tous les effcrts de notre politique étrangère ont été consacrés à assurer une expansion économique, libre à notre patrie.
Nous joignons ici les tableaux qui permettent de voir la répartition de l'exportation et importation quant aux quantités, valeurs et pays.
Tableau de commerce par catégories en l’année 1911 me corne
Dénomination en 1.000 fr.|en 1.000 fr. Produits d'agriculture. . . .| 15.143] 60 202 Bétail vivant et produits d'ani-|
AUX AMEN. Sn. 10.445] 38.130 Produits forestiers. . . . . .| 2.262 858 Produits des industries agri-
COS RC ER 4.375) 3 733 Produits d'alimentation . . . 544 853 Minerais, houilles minérales __ et leurs sous-produits . . .| 6.936 718 Articles préparés avec des
graisses, des huiles ou de
FAT CIRE. + y enr 879 18 Produits chimiques et phar-
maceutiques. . . . : + + « 7.573 288 Matières textileset dérivés. .| 381.826) 2.143 Cuirs bruts et ouvrés, pelle-
LOPIES M... ee. - + 4.140 37 Caoutchouc et guttapercha . 435 1 Ouvrages tressés en matières
végétales . . . . . . . + . 79 1 Brosserie, tamis et balais . . 84 4 Bois d'œuvre et meubles. . .| 1.671 66 Papiers et ouvrages en papier] 2.210 9 Livres et tableaux. . . . . . 302 19 Ouvrages en pierres, asphalte,
plâtre et ciment . . . . . 315 43 Ouvrages en terre cuite . . 1.303 109 Verre et ouvrages en verre .| 1.520 Métaux précieux et bijouterie 843 Métaux ordinaires etouvragés| 19 461| 9.657 Machines, appareils, articles] ,
électrotechniques . . . .| 11.861 28 Objets d'art et de science . . 489 Horlogerie, armes et jouets .|__ 1 138| —
Totaux. . .| 125.334] 116.917
Pro Bulgaria Dans le « Mir » du 8 décembre. le dé-
puté guéchoviste Vazoff consacre son arti-
cle de fond à la guerre et à la Péninsule balkanique.
I1 faut faire de la Bulgarie un Etat fort. suffisamment fort pour s'opposer aux intrigues et pour se protéger contre des attaques semblables à celles de 1913 (27). Si la Bulgarie n’est pas forte, l'atmosphère d’intrigues continuera à régner. Seule une Bulgarie forte peut donner la paix à la presqu'île balkanique et mettre fin à toutes les tendances d'expansion qui voudraient passer par cette péninsule: une Bulgarie forte signifie la création des relations politiques, économiques et culturelles avec l'Orient. La question balkanique ne saurait être résolue au moyen d’une conciliation entre les peuples balkaniques. La tâche balkanique ne peu être résolue que par l’union complète de la Bulgarie. ce qui rendra celle-ci capable, par sa force physique et morale, de mettre fin à une situation chaotique. C’est dans ce sens que notre question sert les intérêts européens et avant tout ceux de nos alliés. »
Une manifestation de la jeunesse universitaire yougoslave
On. nous communique :
Le Comité Central de la jeunesse universilaire serbo-croato-slovène en Suisse croit de son devoir d'exposer à l'opinion publique son point de vue sur la situation créée par les derniers événements politiques, en tant qu'ils touchent à la solution de la question yougoslave.
C’est ‘un fait indiscutable que les SerbesCroates-Slovènes constituent ‘un seul el même peuple qui, subjugué et déchiré, lutte de toutes ses forces pour sa délivrance. En toute justice il réclame d’être réuni en un Etat ‘unique, démocratique et complètement indépendant de TVAutriche-Hongrie. Dans cette lutte actuelle, la Sérbie et le Monténégro ont sacrifié leur liberté. Les divisions de volontaires yougoslaves ont versé à profusion deur sang dans la Dobroudja. Les députés yougoslaves ont eourageusement réclamé J’unité de leur peuple devant le Parlement de Vienne et devant le Sabor croate. Ts veulent un Etat indépendant. Ces faits démontrent avec Évidence que l'existence des Yougoslaves (Serbes-Croates-Slovènes) est désormais impossible, sous quelque forme ‘que ce 1oif, dans le cadre de la Monarchie austrohongroise. Cependant, les dernières déclarations que le Premier Ministre anglais, M. Lloyd George, a faites au Congrès des Délégués des Trade-Unions, réuni à Westminster le 5 janvier dernier, ainsi que le message du Président ‘Wilson, sont en contradiction flagrante avec les déclarations faites par eux précédemment au cours de la guerre et dans lesquelles on insistait sur les droits et la liberté des petites nations.
Aujourd’hui, on garantit à l’AutricheHongrie son existence et son intégrité, on laisse espérer À la Bulgarie qu’elle pourra sortir de cette guerre renforcée et agrandie au détriment de la Serbie. Pour des raisons inconnues, on se désintéresse des
0 oo
Le journal socialiste Volksreckt. de Zurich, publie sur les mattyrs serbes la poésie
suivante :
Serbencelend.
Seht ibhr auf jenem Huügel dort,
Die müden Frauen, Kinder, Greise? Sie schaufeln schwankend sich ein Grab. Und tsteigen ein, zur letzten Reise.
Soldaten bilden einen Ring,
Umd feuern drauf, mit blufger Lust. —
Die Mütter legen ihre Kleinen Zum letztenmal noch:
Kein Laut entstrômet ihren Lippen, Die schmerzgepeitscht vergeh’n vor Gram; Die Augen our erglüh’n zum Himmel,
Und klagen laut die Gottheit an.
Südislaven sind's aus Oesterreichs Gauen, eweckt,
Die Opfer eines frommen Kaïsers, Von ihren Häschern hingestreickt.
Die schuldlos tiefen Hass
Schon lang erfuhren wir die Kunde,
Von dieser grauenvollen Tat,
Doch weiss man noch von keiner Sühne, endlich naht!
Und ob der Rächer
Auch ist dies nur ein Bild von: vielen,
Das uns in grellen Farben zeigt
Wie tief die Menschheit schon gesunken Die über solchen Gräueln Schweigl.
an die Bruëst.
Homo.
Dans le « Pester Lloyd « du 31 janvier 1918, le professeur de l'Université, Jakob Bleyer écrit, au sujet du livre du professeur Julius Szekfü : « L'état hongrois. Une étude historique » :
existant dans ces vastes étendues cessent d'agir les unes sur les autres de façon retardatrice. Les forces nationales historiques barbares parvinrent à agir de façon créatrice, elles ont insufflé la vie à trois personnes étatiques indépendantes, l'Etat allemand en 1871, les Etats autrichien et hongrois en 1867. Trois ordres de développement trouvent, peut-on dire, simultanément leurs conclusions, une preuve de la cohésion intime de l'histoire des
Etats de l'Europe centrale ».
Les Magyars et leur rôle mittel-européen
« La conscience de ne pouvoir garantir l'existence d'un Etat hongrois qu'en s'appuyant sur l'Europe centrale et germanique, aussi la conviction d'avoir constitué de tout temps un boulevard pour cette Europe centrale germanique, entraînèrent finalement par une nécessité d'airain, la Pragmatique Sanction et plus tard par un détour au-delà de 1848 l’année 1867. Le compromis de 1867 est « la conclusion de ce processus historique double dont nous pouvons suivre les effets dans l'étatisation du magyarisme et dans ses relations avec l'occident allemand... Avec lui, disparaît dans le passé la conception de l'absolutisme leopoldien et la partie centrale de l'Europe reçoit seulement maintenant une organisation solide dans laquelle les formations étatiques
Ensuite, en 1879, le prince de Bismark et le comte
Andrassy couronnaient ce développement millénaire, mais au
austro-hongroise.
!
fond remarquablement logique, par l'alliance défensive germano-
« L'Allemagne et l'Autriche — dit l'auteur, et ces mots sont confirmés par tout le cours merveilleux de la guerre mondiale — n'ont certainement pas eu à regretter que la Hongrie
se soit adjointe à leur union comme membre indépendant et comme contractant à part égale ».
Mais l'œuvre créée par François Joseph et par Deak et aussi par Bismark et par Andrassy, constitue également pour la Hongrie — et celà ne sera jamais nié par personne — un succès d’une importance historique mondiale et sauvant l'Etat et la race magyare. Elle restera toujours le fondement sur lequel est bâtie la communauté mitteleuropéenne et sur lequel est établi fermement l'Etat hongrois.
Vraiment, c'est ainsi que s’exprimait il y a quelque temps un Allemand d'Autriche, il y a et il ne reste — qu'une « vérité éternelle, c'est que l'Autriche est une nécessité hongroise comme la Hongrie est une nécessité autrichienne ». Les deux à la fois — devons-nous ajouter — forment une nécessité allemande et finalement une nécessité mondiale.
Si aujourd'hui un fils de la pusta hongroise et un fils d'une contrée quelconque allemande se trouvent côte à côte couchés ou bien loin en Orient, ou bien profondément dans le sud et qu'ils se demandent comment ils peuvent se trouver réunis, la réponse est la suivante : de la même façon que leurs aïeux d'il y a mille ans se sont rencontrés sur le Marchfeld, comme ils ont trempé il y a des siècles les murs de la forteresse turque, d'Ofen, comme ils ont combattu, péri et vaincu il y a quelques générations sur les champs de bataille ».
0 nn Société Genevoise d'Editions et d'Impressions. — Genève