La Serbie

tra

Prix du Numéro

- RÉDACTION et ADMINISTRATION æ, rue du XXXI Décembre - Genève Téléphone H4.@

ke C'est la mort dans l'âme que nous rédigeons ces lignes que nous n'aurions jamais pensé avoir le douloureux devoir d'écrire. Le peuple: serbe vient de perdre le meilleur et le plus Hévoug de ses amis, la Suisse un de ses fils les plus vaillants, le Dr Victor Kuhne.:Sa mort mets en deuil notre nation tout entière depuis l'Adriatique jusqu'au Vardar et depuis Lioubliana jusqu'à Monastir ; là, partout, le nom du Dr Kuhne symbolisait l'aide fraternelle que le peuple suisse ne cessa de prodiguer à nos compatriotes durant toute la guerre. L'âme généreuse, l'esprit philanthropique, cet ami désintéressé des Serbes, après avoir payé de sa santé son dévouement à notre pays, se fit le plus ardent défenseur de notre cause à l'étranger. Aussi a-t-il acquis le droit à la reconnaissance de tous les Serbes, Croates et Slovènes, à l'union de qui il contribua de toutes ses forces. Esprit lucide, travailleur infatigable, il mit ses lumières au service de la juste cause yougoslave. Il vient de mourir de façon tragique, sous le poignard d'un insensé, et victime de son devoir professionnel qu'il ne déserta jamais.

Le Dr Kuhne possédait toutes les qualiés du bon Suisse : probité, courage, modestie, simplicité. Ayant retrouvé ces mêmes qualités chez les humbles paysans serbes, il s'était épris de notre pays auquel il resta profondément attaché. Ce sont, pour ainsi dire. les affinités secrètes existant entre notre peuple et le sien qui lui firent tant aimer la Serbie. Le Dr Kuhne fut aussi dans son pays celui qui connaissait le mieux le problème yougoslave et la question balkanique.

Le souvenir de son nom ne périra jamais dans nos cœurs. :

Pour donner un témoignage visible de notre gratitude, nous ouvrons

aujoud'hui:

notre journal, d'accord avec nos amis du bureau de la presse sérbé et yousoslave, uñé sous |

cription dans le but d'ériger un monument X la mémoire de ce grand ami de notre peuple. Noës.

“ se

6 Centimes

JOURNAL POLITIQUE HEBDOMADAIRE Paraissant toûs les Lundis Rédacteur en chef : D: Lazare MaRCOUWITCH, professeur

à l'Université de Belgrade

ns Gr. — pére , ©

Suisse...

ne pays. Gfr.— »

| Autour de 1a Paix

. La conférence bat son plein. Les nombreu1ses décisions prises et les déclarations impor‘tantes publiées ces derniers jours montrent que | l'état de ses travaux est dèjà très avancé. On ‘'seut en parler-en connaissance de cause où KE moins risquer certains jugements ou cer” /taines critiques en se basant sur les faits qui viennent d'être portés à la connaissance du public par les communiqués officiels.

* Les cinq grandes puissances entendent dil'riger les travaux de la Conférence. Aussi onttelles adopté une méthode suivant laquelle ces - puissances auront seules, à prendre part aux ‘principales décisions. Les autres puissances, ou dites les petites puissances « Etats à intérêts l particuliers » ne seront entendues que pour [Îles questions qui les concernent plus spéciale‘ment. Pour les autres questions, ces Etats sont. représentés de façon assez restreinte, n'ayant que cinq représentants sur quinze dans

‘chacune des commissions.

! Réserve faite de la non:reconnäissance de

ne unité-natiünale-dont notre journal #4 dejà .

ep Se ES te de 5 s FR + parle ici-mêmé, formulant sa’ protestation, le

nombre des places aitribuées à nc

snt Mais c'est là plutôt une question

F satisfai É-de

1

tions.

tre nation dans fes divérses Commissions pourrait etre jugé

fjrme. Ce qui emporte davantage, c'est de

Cette manière de voir nous rapproche de la paix.

L'harmonie entre les puissances viciorieuses qui doivent faire partie de fa Société des Nan'en _souffrira aucunement. Dans cet esprit egalement il faut comprendre l'occupation de la bande de territoire reliant le nouvel Etat tchéco-slovaque à l'Etat yougoslave, occupation qui est le seul moyen de protéger à l'avenir de ces Ftats contre les Germanomagyars. Aussi avons-nous été désagréablement surpris de voir la Conférence publier une déclaration dans laquelle elle reproche à quelquesuns des Etats alliés l'occupation de territoires ennemis. Notre étonnement fut d'autat plus grand que cet acte portait entre autre la signature du baron Sonnino et qu'il fut porté. à la connaissance du public au moment où l'armée italienne occupe encore des territoires serbes, crôate et slovène, donc des territoirés alliés |

L'Italie. a été dans cette guerre particuliètement favorisée par la chance, car son principal ennemi l'Autriche quitte la Hutte presque anéantie, S'il y a une puissance de l'Entente que plus rien ne menace, c'est assurément l'Italie, on comprendrait donc encore

.que pour un surcroit de garanties, elle s'en

aille occuper quelques bandes de territoires autrichien. Cette action n'aurait rien d'irrationnel car elle n'irait pas à l'encontre de la paix. Mais occuper des territoires yougoslaves n'est-ce pas risquer de compromettre à jamais l'harmonie devant régner parmi les nations victorieuses ?

. sommes sûrs d'avance du succès de cette manifestis-##2# ##"2s un étranger qui ait bien … mérité de notre pays, c'est bien Fätteur dé l'ouvrage + 4 Ceux dont nn js. 4e martyre »: Ayant été le témoig ces souffrances de nôtre nation, 1 ice avan ressenties profondément et les monde entier. Personne n'est donc plus digne que fui

Fonte l'esprit régnant au sein de cet aréol: page des grandes: puissances qui s'est adjugé la E direction des travaux de la Conférence. Cest ‘[a physionomie particulière de chacune des | délégations et leur mentalité qui importe avant : tout.

! Dans le nouveau groupemint qui constitue

fr connaïre plus qu'aucun autre au d'avoir un monument.dans notre Patrie libérée et unie.

hist

M. D. Marinkovitch.

hé Ë | | Notre rédaction a adressé à Madame Kuhne ce télégramme : Îrle concert des grandes puissances, il y a des C'est uniquement le désir de s'emparer de ï À courants divers qu'il n'est pas sans intérêt de territoires yougoslaves qui lui fit commettre

Cest-avec.une immense, douleur que nous apprenons la funeste nouvelle dela mort fragt., que de votre mari, cher et tres estime collaborateur de-notre journal, En dépensant sans compter son énergie pour la cause de notre peuple el en soignant ses malades, il vient de poser sa vie sur

l'autel de la patrie serbe en vrai héros. cable de son bienfaiteur. qu’il rangera parmi

Foici quelques

Fils du rédacteur M. Emmanuel Kuhne,

ÏÀ avait fait tout avoir pris son doctorat à la Faculté de lors de la seconde guerre balkanique.

lequ

celle fois-ci, par une arlisle el une femme admirable, son épouse, santé, au dernier moment, el non sans avoir emporté une

de combattre de nos adversaires, particulièrement sur leur décisive et qui ouvrit les yeux aux plus incrédules.

Serbie que contraint par l'état de sa documentation complète sur le mode emploi des balles dum-dum, documentation

Îl se fit, d'autre façon encore, le défenseur infatigable de la était possible les arguments qui plaidaient pour nous.

ni repos qu’il n’eût exposé partout où ce Le journal ne lui suffit pas. volumes, malgré son état de santé

‘ignore le martyre » ; les « Bulgares peinis par eu Depuis peu de temps, il dirigeait, à Leysin,

de sen initiative. Pour un homme aussi jeune, il avait,

Il se mit courageusement à toujours précaire. Citons les trois principaux : ( Ceux dont on x-mêmes » et la « Macédoine ».

Le peuple serbe reconnaissant gardera un souvenir ineffales victimes les plus précieuses de celte guerre.

notes sur la vie de notre éminent et regretté collaborateur :

le Dx Victor Kuhne n'avait que trente-deux ans. es ses éludes à Genève et fut camarade de classe de notre prince-Régent. Après médecine, il répondit à l'appel que lui adressa notre pays, Il se signala chez nous, notamment par le courage avec

el il combattit les terribles épidémies qui dévastaient le pays. Il reprit ce rôle, en 1915, assisté

Mme Bertha R acine, et ne quitta la

la cause serbe. Il n'eut plus ni cesse

écrire l'un sur l’autre plusieurs

le Sanatorium serbe, qui élait également le fruit

comme on le voit, une carrière extrêmement remplie

déja, plus remplie que celle de bien des hommes d'âge mûr.

*

Les obsèques du D" Victor Kuhne

Maïgré Ja modestie du défunt. qui î la désir que son inhumation eût lieu très sim: plement, la colonie serbe de Genève ,a Cru de son devoir de dire un adieu au grand ami de notre peuple. Aussi de nombreux Serbes se sont-ils rendus à la gare de Coxnavin. pour saluer la dépouille mortelle du Dr Victor K uhne, qu'ils ont accompagnée jusqu'au cimetière de Chêne-Bougeries. SEE dE

M. Petrovitch, consul de Serbie et les étudiants serbes ont porté eux-mêmes en {erre le cercueil recouvert du drapeau suisse. Une foule très m0mbreuse, émue et recueillie, 4 prodigué les témoi-

gnage: À la famille si cruelleres malades

avait exprimé

devons nous séparer maintenant fut non seulement notre ami à nous fous, mais encore l'un

des plus grands. amis de noire Pays qu'il consi-

dérait comme sa seconde patrie. Ce serait fairé outrage à sa mémoire que de prononcer un long discours sur la ‘tombe de ca travailleur infatigabla qui consacra tout son temps à sa tâche, nous montrant par là Ie chemin que mous devrions tous suivre dans la vie. “ Len Victor Kuhne fut l'orgueil et ‘La lierté de 5e8 amis et de sa famille, honneur à son pays sentiments, ga son attacl son dévouement à sa mission. nous le considérions comme nous étions très fiers de, ce de la Suisse pour nous aider dans détresse. Nous avons décidé monument dans notre pays.

par la noblesse de ses achement au devoir, par Nous autres Serbes, un des nô:res el frère adoptif venu nos jours de

d'ériger à sa mémioire ui Nous estimons que

et comme citoyen faisait |

| Ë i endemain. Il paraît donc indispensable de

éignaler Ainsi. l'idéologie oolitique de M; WVit: [cette faute aiin'estpas encore irréparable. lson-qui-se-trouve-àla-tête de ja délégation | Pour la méme raison, ‘elle essaye au moyen américaine diffère quelque peu de celle de d'une fiction étrange de considérer certaines M. Clemenceau ou de celle de M. Lloyd des provinces yougoslaves comme le territoire George : elle diffère encore davantage de celle | autrichien. C'est encore pour cette raison du baron Sonnino dont la seule présence au qu'elle s'oppose à la reconnaissance du nouvel sein d'une conférence qui a pour mission État serbe, croate et slovène, qui existe cepend'établir un ordre nouveau dans le monde | dant en fait depuis deux mois. constitue une sorte d'anachronisme. Ce n'est Les grandes puissances ont-elles, elle aussi, un secret pour personne, en effet, que le baron adopté ce point de vue ? Sinon. comment Sonnino est loin de représenter le courant des | expliquer qu'après avoir accepté l’aide des ‘dées modernes et les-tendances démocratiques | armées yougoslaves combattant depuis une de son pays. Ce courant concrétisé dans les année déjà sur la côte mourmane, elles se refugroupes de Salvemini, du député Arca et de | sent de reconnaitre l'existence de leur Etat ? l'ex-ministre Bissolati, n'exerceaucune influence | C’est là une contradiction que l’aréopage des sur l'esprit de la délégation italienne dont tous puissances siégeant à Paris aurait dû éviter à les membres sont des nationalistes extrémistes. | tout prix pour ne pas compromettre son autoM. Wilson poursuivant son idée maîtresse rité aux yeux des peuples du monde entier. de l'établissement du nouvel ordre dans le Tommaseo.

monde ne songe, paraît-il, qu'à l'avenir, négliUne Interview de M. Stoyan Protifch

geant en quelque sorte le présent, ses dangers Nous reprodujisons, d'après le «Jour-

et ses besoins immédiats et mettant tout son espoir dans l'organisation de la Société des rep a \

nal de Genève » du 30 janvier, une partie de l'interview qu'a eue M. Stoyam Pro-

Nations, dans ses principres et ses lois, les sanctions et É ait à : me à Service fifôree "qi'il mettrait à sonebægen, ministre-président du Royaume des T ! adhé ï idées MM. CI Serbes, Croates el Slovènes, avec un des out en adhérant à ces 1dees . Cle- | rédacteurs du « Secolo », actuellement à Belgrade :

menceau et Lloyd George, ne jugent. pas que « M. Protitch a déclaré qu'il y a beau

ces mesures et ces moyens suffisent. Ils ne les acceptent que comme un supplément des ga- | coup de raisons qui doivent engager lLtalie ranties matérielles qu'ils se proposent d'exiger | et le nouveau royaume des Serbes, Croates de leurs ennemis. Leurs pays ayant souffert | €t Slovènes à se mettre daccord et à res. davantage, une. plus grande. responsabilité | Ler en bonne amité et cela in raison pèse sur ces deux hommes d'Etat qui doivent de lintérêt vital que les deux mations ont songer à défendre leur pays contre un retour en commun le lenir les Allemands loin offensif de l'ennemi. En effet, on ne peut pas de =! Adriatique pe re :

a ocer que lesvAllemende’en «changeant la En ce moment, « ajouté M. Protitch, ; PP q ; gean l'Italie se trouve toujours dans une grande orme de leur gouvernement aient changé en | contradiction. Elke n'a pas encore rejeté même temps et immédiatement de caractère et | le traité de Eondres, qui est si peu acqu'ils soient devenus un peuplepacifique. Une tuel, qui est si contraire au principe des telle évolution ne s'accomplit pas du jour au nationalités qui a créé la nouvelle Italie. Ce traité, il faut que je tvous le dise, est ‘une offense à notre nation, L’équité autant que motre intérêt réclament que nous mous présentions immédiatement au congrès de la paix sans aucun {traité secret et en premier lieu sans le itraité de Londres, l'équité, l'intérêt et la modération réclament que la côte occidentale de V'Adriatique appartienne à l’Ita:ie et la côte

prendre des garanties territoriales sinon à titre définitif au moins provisoirement, quitte à les - lui restituer au bout de quelques années, quand elle aura donné des preuves de son sincère désir de vivre à. l'avenir en paix avec ses Voisins. Dans cette guerre, l'Allemagne d'ail-

ment éprou indis que quelques ans , : ‘ ; ; verbes, Fee . in a Cave. ne ces- | celui qui a si bien défendu noire usae PA leurs n’avait-elle pas pris des garanties elle \ saïont de er ? ger, celui qui à mal ot ru de Êre | aussi contre des peuples qui pourtant étaient orientale aux Yougoslaves, aux Albanaïs : Ant à ‘à doit avoir che . ; , : Ke AA 3: _ Run TR Lee la Pa M. je pasteur Frank Thomas, libération RUE Nous aurons done le privi- | infiniment plus faibles ? Une telle mesure serait el AA OR nm ignore .pas; {je pense, après avoir prononcé une touchante allocution, Due ie l'avoir ainsi toujours parmi nous. Son | d'autant plus nécessaire que l'Allemagne sor- 4 ne AS AE 2 ses ns Ë Lave, pour soulager la grande douleur de la famille | venir ne périra jamais Car il symbolise pour | tira de cette guerre agrandie de dix millions RC DS de AUSSE” CONLPIOUE directement : É : de teur ité i sable et la dévouement , ‘ ‘ , . et indirectement tant sur le front qu'à affligée. dit une prière. Ensuite notre rédacteur, | nous charité inépuisable d'Allemands d'Autriche. L'occupation fran- | ja : . : LAS < lernier : ualités qui constituent le plus é ; * < : l'arrière: notre mation a; en effet, prêté M Michel D. Marincovitoh, adressa un dernier | sans bornes, BARS p de Palatinat | dévcél Li » P adie 2 cMATIMEC Le beau titre de noblessa le C8 peuple démo- | Gaise de l'alatina comme la prise des colonies | une aide importante à la désorganisation u eu défunt en ces terme: ._ …… | cratique et de la flotte allemande entrent dans ses ordres | de'l’Autriche-Hongite et a concour à PoLe cœur brisé de douleur, fl me faut aujourd’hui Gloire au -Dr Kuhnel d'idées. bliger à demander la paix, »

Celui dont nous

Frononcer des paroles d'adieu.