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RÉDACTION et ADMINISTRATION @, rue du XXXI Décembre - Genève ; Tétéphone 14.05

L'Amérique

JOURNAL POLITIQUE.

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Paraissant tous les Lundis

Rédacteur en chef : Dr Lazare MARCOVITCH, professeur à l'Université de Belgrade

reconnaît notre union | Une statist

Le 8 février, M. Robert Lansing par une

Jettre amicale adressée à M, le Dr 1 roumbitch, . ministre des affaires étrangères, l'informait de

l'intention du gouvernement des Etats-Unis de publier une note reconnaissant l'union des Yougoslaves autrefois sous la domination austrohongroise, avec le royaume de Serbie. Nos lecteurs trouveront plus loin le texte de cette notification qui est importante à la fois par le moment où elle est faite et par l'esprit dont elle est animée.

M. Wilson rentre très prochainement en Amérique où des affaires urgentes l'appellent. Cependant, la conférence n’a pas même abordé la question épineuse de la délimitation italosudslave. Les conversations préliminaires et non officielles entre les délégués italiens et les représentants de l'Amérique, n'ont abouti à aucune entente préalable. On affirme que M. Lloyd George s'est personnellement efforcé de rapprocher le point de vue italien de celui de M. Wilson, mais ses louables efforts sont restés vains. Un abime sépare le programme impérialiste ‘italien de l'idéal wilsonien, symbolisé par le droit des peuples de disposer de leur sort. Dans l'impossibilité de trouver une solution même provisoire et dans l'embarras que lui cause aussi la question for-

melle de la procédure à suivre, l'Italie ne . pouvant être.en.rnême temps juge et partie, la _ Conférence se voit obligée de renvoyer la … question adriatique à plus tard, c'est-à-dire au _ retour de M. Wilson à Paris. Pour couper

court. toutefois aux interprétations erronées, M. Wilson a voulu souligner publiquement sa décision de maintenir intégralement le point de vue américain et faire comprendre que ce n’est pas de sa faute si la controverse italosudslave n’a pu trouver jusqu'à présent une solution de principe. Dans le désir de consoler notre peuple de ce regrettable retard, qui sera vivement ressenti surtout dans les contrées de notre nation qui jouissent des « bienfaits » de l'occupation italienne, le gouvernement de la

république américaine a résolu de reconnaitre

officiellement le royaume des Serbes, Croates et Slovènes.

IL l'a fait d’une facon qui ne laisse point de doute sur l'attitude américaine dans la question de nos frontières. Ces frontières, la conférence doit les tracer, selon l'avis de l'Amérique, suivant le vœu des populations intéressées.

Nous ne marquerons pas ici notre joie très vive, parce qu'en réalité nous n'avons jamais douté de la volonté de l'Amérique de rendre justice à notre peuple. L'assurance formelle de

. M. Lansing que le désir des populations res-

pectives formera la base des décisions de la Conférence, n'en constitue pas moins une grave défaite pour M. Sonnino et sa politique de traités secrets. La position de la France et de la Grande Bretagne, par rapport au traité de Londres qu'elles ont signé toutes les deux, est rendue plus élastique et plus tenable par la ferme attitude des Etats-Unis. Il ne faut pas oublier que les traités peuvent quelquefois devenir caducs, sans que la volonté des contractants de les exécuter scrupuleusement y puisse changer quoi que ce soit. Le Droit privé connaît des ças où des contrats sont annulés sans aucune intervention des parties contractantes, Les accords qui sont contraires aux prescriptions légales ou à la morale publique subissent régulièrement ce soft: Le Droit Iternational, qui se base tout particulièrement Sur la morale, connaît non seulement l'annulation des traités pour cause d'immoralité ou

np mA mme 2e

d'infraction aux prescriptions légales, mais

admet aussi leur revision en vertu de la for-

mule connue : « Rebus sic stantibus» . Or il est évident que le traité de Londres se trouve en opposition irréductible avec les normes du Droit internationnal nouveau, surgi de la guerre mondiale et caractérisé par la reconnaissance absolue du principe des nationalités et l’admission en principe de la « Ligue des Nations ». Par cette opposition, le traité de Londres a perdu sa valeur juridique. La France et la Grande-Bretagne commettraient une infraction au Droit international nouveau si elles voulaient exécuter les clauses d'un traité juridiquement inexistant. Cela peut paraître paradoxal, mais n'en est pas moins vrai. Et ainsi se trouve confirmée encore une fois cette vérité que d'aucuns semblent oublier que la vie est plus forte que toutes les combinaisons des chancelleries,

Notre peuple peut donc attendre avec confiance les dernières décisions de la Conférence. Quant à notre souverain, ce symbole vivant de notre existence étatique, il a eu la satisfaction de se voir reconnu, par la plus grande puissance du monde, Roi-Régent de toute la nation unie des Serbes, Croates et Slovènes. Après l'accueil chaleureux qu’il a trouvé chez les Français, cette preuve d'estime et de confiance de l'Amérique est un fort encouragement et une récompense bien méritée: EM

em Len

Le texte de la communication de M. Lansing

M. le Dr Troumbitch, Ministre des affaires étrangères de Serbie Paris.

Mon cher D' Troumbitch,

J'ai le plaisir de vous communiquer le texte de la note que le gouvernement des Etats-Unis a décidé de publier demain :

« Le 29 mai 1918, le gouvernement des EtatsUmis a exprimé sa sympathie pour les aspirations nationales des races yougoslaves. êt le 28 juin, il a déclaré que toutes les branches slaves devraient être complètement libérées du joug austro-allemand.

Après s'être soustraits à l'oppression étrangère, les Yougoslaves, qui étaient autrefois sous la domination austro-hongroise, ont, en différentes occasions, exprimé le désir de s'unir au royaume de Serbie. Le gouvernement serbe, de son côté, a publiquement et officiellement accepté l'union des peuples serbe, croate et slovène.

En conséquence, le gouvernement des EtatsUnis accueille favorablement cette union, tout en reconnaissant que le règlement final des frontières terrestres doit être laissé à ia Conférence de la paix, conformément au désir des peuples intéressés. »

Veuillez agréer, elc. R. LANSING,

Secrétaire d'Etat pour les affaires étrangères.

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La Norvège et notre union nationale

Le gouvernement du royaume de Norvège, inspiré de sentiments d'amitié sincère et durable, vient de féliciter chaleureusement notre gouvernement de sa fondation et de reconnaître la création du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, Notre gouvernememi, animé des mêmes sentiments, a remercié très sincèrement le gouvernement du royaume de Norvège qui fut toujours amicalement disposé envers

nous,

= G

… Nous avons signalé, il y a quelques semaines, tes reproches adressés par M. Luigi Barsini, correspondant.du « Corriere della Serra » au usernement-italien au-sujet des t lenteurs » Apportées dans l’œuvre de & syslémiisation » et « d'épuration » de la ville de Trieste. Aujourd'hut, nous tenons à signaler un autre fait qui earactérise bien les méthodes nettement autrichiennes pratiquées par les autorités militaires

et civiles du Royaume d'Italie en territoires

sudslaves occupés.

Il s’agit d'un recensement purement arbitraire, organisé récemment à Fiume par les soins de l'administration italienne et dont les résultats, ont été complaisamment publiés par le « Temps», dans son numéro du 11 février. Nous savions que les Ttaliens s'étaient livrés à ce recensement de la population à Fiume-ville, mais la chose nous avait élé rapportée comme une mesure confidentielle et qu'on ne ferait connaître que suivant les résultats obtenus. Ii estintéressant cependant de noter que le recensement a été fait le 31 janvier. Il a donc fallu quarante jours pour dénombrer 60,000 fiches. Le mystère de ce retard impréou est facile à percer, lorsqu'on jette un coup d'œil sur la facon dont les Italiens ont élaboré leur statistique, Voici quel est ce mystère non de New-York. mais bien. de Fiume. On sait qu’il y a, à Fiu-

i Un des arguments que-l'on emploie souvent pour justifier les -prétentions d'ordre territoriai est celui de la nécessité pour un pays de posséder de bonnes frontières stratégiques, à cause de ses voisins. Une frontière stratégique peut être conçue dans deux sens différents. Elle sert de solide rempart contre une attaque éventuelle du voisin; dans ce cas-là, le droit de légitime défense peut, dans certaines circonstances, prévaloir sur les considérations ethniques, c'est-à-dire sur la volonté de la population. Le droit de légitime défense existe comme ultima ratio, lorsque d'autres moyens ne fournissent plus de garanties suffisantes. L'exemple typique, pour un cas pareil, nous est fourni par la mauvaise foi et le caractère agressif des Bulgares vis-à-vis du peuple serbe. Un publiciste suisse, Sturzenegger, dans son étude sur les troubles dans les Balkans, a noté le nombre des attaques bulgares contre la Serbie au cours des siècles passés. Le résultat de son enquête historique est terrifiant et les enseignements qui s'en dégagent méritent d'être retenus. Si donc le Royaume serbo-croate-slovène demande aujourd'hui une rectification de frontière du côté de la Bulgarie, pour empêécher autant que possible à l'avenir les attaques bulgares, cette exigence, après les expériences de 1913, 1914 et 1915, n'est que trop légitime.

. Jly a, d'autre part, le cas où l'on demande

|_une bonne frontière stratégique pour avoir un

bon terrain de concentration et de mise en marche offensive de son armée. C'est l'Allemagne qui à cherché à appliquer ce critère à ses frontières. C'est elle qui voulait posséder des points stratégiques pour une attaque éventuelle contre ses voisins.

Les questions territoriales, malgré une certaine hésitation de la Conférence, seront bientôt abordées et nous sommes fondés à croire que les décisions de la Conférence s'inspireront d'un principe juste et conforme aux réalités politiques.

Les raisons stratégiques qui seront invoquées par l’une ou l'autre des puissances doivent, pour être admises, être conformes à des principes établis d'avance. Il est naturellement entendu qu'aucune puissance alliée ne demandera et ne pourra demander des frontières stratégiques dans un but offensif. Il ne peut donc s'agir que de frontières stratégiques ayant un caractère purement défensif.

HEBDOMADAIRE

Genève, Lundi 12. Février 1919

Suisse....... Gfr, — par an Autres pays. 0 fr, — E

ABORNEMERT }

que à l’autrichienne ! .

me, un grand nombre d'Italiens du Royaume d'Italie. Or, les recenseurs ont eu l'idée ingénieuse de diviser aussi les Yougoslaves en deux catégories : les uns devaient être considérés comme citoyens effectifs, el les dures, comme « regnieoli », c'est-à-dire comme appartenant à un pays étranger !!. =

L'idée a été jugée excellente à Rome; on en a immédiatement tiré parti. Fiume, qui jaisait partie intégrante de la Croatie, malgré la falsification du texte du compromis de1867, et dont les citoyens croates étaient tous des indigènes, se voit maintenant, par une fiction ridicule, séparée de la Croatie et trailée en territoire étranger |.

Par cetruc, les Ltaliens voudraient probablement détourner l'attention du public des eonclugions qui se dégagent néanmoins de ce recensement unilatéral et arbitraire.

En effet, si l’on met de côté les Lialiens du Royaume d'Italie, il y aurait à Fiume, d'après ces nouvelles données italiennes, 14.194 Italiens et 12.900 Yougoslaves. Mais, notes bien qu'il ne s’agit là que de Fiume-ville. Si l’on y ajoute le faubourg de Sussà}: qui fait partieintégrante du port de Fiume et dont la population purement croate s'élève à 12.000 habitants, on voët aisément ce que vaut l'affirmation italienne que Fiume est une ville italienne |.

La paix et la stratégie

Là;-de prime.abord, il faut que le territoire

| démandé soit strictement nécessaire, c'est-à-

dire qu'il ne dépasse pas ce qui, de l'avis des experts militaires, est indispensable pour empêcher de faciles attaques. :

Il y a lieu, ensuite, de distinguer entre amis et ennemis. C'est le point capital de toute [a question et c'est là que réside l'essence du prablème, Les Alliés porteraient une grave atteinte à leur union morale, qui est leur force principale, s'ils admettaient la légitimité et la nécessité de mesures de précautions particulières entre eux-mêmes. Tous les beaux discours sur la Société des Nations, tous les projets de nouvelle organisation du monde sur des bases plus justes, plus solides et plus juridiques ne pourraient rien contre l'évidence palpable que ceux qui ont lutté et souffert ensemble, et qui ont été menacés du même danger, ont aujourd'hui recours aux mêmes méthodes et aux mêmes moyens usés de garanties stratégiques que l'on réprouve chez les Allemands.

Le peuple serbe, croate et slovène, nationalement uni, a une foi profonde dans l'idéal préconisé par M. Wilson. Notre foi n'est pas platonique, mais effective. Elle détermine toute l'attitude du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes. Pas plus aujourd'hui qu'en 1915, nous ne demandons de frontières stratégiques en face de la Grèce ou de la Roumanie. La frontière serbo-grecque, près de Monastir, dans la plaine de Pélagonie, est presque invisible, marquée par quelques poteaux seulement, Nous qui souhaitons sincèrement une politique d'entente serbo-greco-roumaine, nous n'avons jamais réclamé de frontières stratégiques du côté roumain. Si nous considérons le Banat, dans les limites de l'ancien duché serbe (Voivodie) comme partie intégrante et indissoluble de notre nation, nous le faisons en vertu du principe des nationalités et du droit de notre peuple dans le Banat de disposer de son sort,

Nous sommes très surpris de voir quelques Roumains haut placés, travestir la vérité et nous imputer des desseins et des velléités que nous n'avons pas. L'interview de M. Lahovary dans le « Corriere della Sera » et les articles de la « Roumanie » sur les prétendues raisons stratégiques invoquées par la Serbie en ce qui concerne le Banat, abusent de la crédulité du public et ne sont pas du tout de nature à renforcer l'amitié de nos peuples. Une loyauté