La Serbie
L'Italie et les Balkans
La formule «les Balkans aux peuples balkaes» a été forge contre l'Autriche-Hongrie et la Russie, La rivalité nustro-russe dans les Balkans empêcha pendant longtemps la soluion du fameux problème eonnu sous le nom de «question d'Orient». Pour des causes diverses, l'Autriche-Hongrie et Ia Russia s'intéressaient aux peuples balkaniques, s'immisçaient dans leurs affaires intérieures, les poussaient les uns contre les autres et maintenaient ainsi une situation trouble et incertaine qui répondait le mieux à leurs velléités de conquête.
Tandis que la Russie agissait plutôt dans le sens défensif, aidant de som mieux et dans la. mesure de ses possibilités les peuples chrétiens dans leur lutte pour l'indépendance et la liberté, l'Autriche-Hongrie pratiquait une politique oppo5ée. Par l'occupation de la Bosnie-Herzégowine, en 1878, la monarchie dualiste avait inauguré une politique d'expansion qui désorganisa Complètement la péninsule. En 1912, grâce aux efforts russes, les peuples balkaniques sa mirent ‘d'ac: cord pour une action commune contre la Turquie et éventuellement contre l'Autriche, mais cette coalition balkanique ne fut pas de longue durée. La Bulgarie, loin de songer à suivré une politique d'entente et de solidarité slave était entrée dans le bloc balkanique, en 1912, avec l'idée de jouer ses Voisins une fois qu'elle aurait exploité leur concours militaire. Lorsque les évènements prirent une tournure défavorable aux plans primitifs austro-bulgares (victoires serbes à Koumanovo, à Monastir, entrée des Grecs à Salonique, arrivée des troupes serbes À l'Adriatique), la Bulgarie abatlit ses caries et atlaqua ses alliés de la veille. Mais, la Seconde guerre balkanique fut pour elle une éause de mourvelles déceptions. En 1915, pour la troisième fois, la Bulgarie tira l'épée en vue de détruire ses voisins et d'aplanir ainsi les voies à l'avance germanique en. Orient. Les succès passagers remportés avec l'appui allemand, firent perdre la tête aux Bulgares qui se Jivrèrent, dans les territoires serbes occupés, à des brutalités dignes de leurs grands chefs touraniens, Kroum et Assen. La bataille victorieuse du Vardar vint à temps mettre fin au puéril rêve bulgare de vonduêile: de tous les Balkans. La disparition de l'Autriche et l'écrasement de la Russie ont à leur tour débiayé le terrain des anciennes combianisons impénalistes, de sorte que la formule «les Balkans aux peuples balkaniques » paraissait avour toutes les chances d'une application mntégrale. Les princupes de Wilson avaient donné à cette formule encore pe de vigueur. Ausst, l'on ne peut que s'irriter à la pensée que tous ces bienfaits de la victoire puissent être menacés par l'appa rition soudaine de l'Italie, munie du gros bagage balkanique du temps béni do la ‘Triple: Alhance. ,
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La queslion des rapports italo-sudslaves est en. connexion directe avec la position générale de Vitiienvis avis des Balkans. La délimitation des frontières sera d'autant plus difficile que 1'Italia caressera davantage des plans de pénétration dans les Balkans. Une telle poltique ne pouvait
. que susciter parmi les peuples balkaniques les
jus vives inquiétudes et, malheureusement, 1'Itahe n'a rien fait jusqu'à présent pour nous tranqui liser au sujet de ses desseins; elle fait tout, au contraire, pour éveiller nos soupçons.
Pendant la période de [a neutralité italienne, août 1914-mai 1915, l'Itahe poursuivait ses pourparlers avec l'Autriche sur la base de compensations dans les Balkans, en vertu de l'arucle 7 du traité secret de la Triple-Alliance. Ceci n'était pas de nature à [ui gagner noS Sÿympathies. Entre temps l'Italie menait aussi des pourparlers avec l'Éntente, pourparlers restés secrets et dont le livre vert italien ni aucun livre diplomatique allié ne soufile ka moindre mot. La Serbie surtout ne devait rien savoir. L'accord de Londres du 29 avril 1915 n'a jamais été communiqué au gouvernement serbe. Lorsque cet accord fut publié par les bolchévistes, tout le monde comprit les raisons du silence italien. En effet, le traité de Londres avait pour objet, non as des terres habitées par des Italiens, mais ien des terres serbo-croates-slovènes.
Dès lors, l'Italie a conservé la même attitude, au grand détriment de Ba position inter“ nationale.
Toutefois, dans un moment de faiblesse, l'Italie paraissait vouloir changer de politique. Le Congrès de Rome, en avril 1918, inaugurait solenniellef ment la politique dite des nationalités. Mais les représentants sudslaves commirent à cétte DCCasion la faute .de ne pas réclamer, comme con: dition préalable de leur participation, la renonciation formelle au traité de Londres, en tant ge touchait aux territoires sudslaves. Le traité 'a
rmistice avec l’Autriche-Hongrie aurait une
autre apparenca si l'on avait demandé aux Italiens de déclarer nul le pacte de Londres, en laissant à la Conférence de la paix le soin de délimiter ns frontières réciproques. L'attitude des troupes jtaJiennes d'occupation en Dalmatie et en Istrie n'est pas davantage de nature À nous inspirer confiance. Pourtant, il y a de nombreux poinis de contact entre nous et Jes Italiens et tout espoir d'entente n'est pas perdu.
La première condition d'entente enire l'Italie et le royaume des Serbes, Croates et Slovènes, c'est de se considérer réciproquement comme amis et bons voisins et de n'avoir aucune velléité d'agression et de domintaiton; c'est-à-dire que faut renoncer de part et d'autres aux frontières stratégiques , aux points “appui navals el aux garanties réelles. Les Serbes, Croates et Slovènes sont un peuple pacifique; ils h’ont jamals me nacé l'Italie, Ils sont done en droit de faire les réserves les plus formelles à propos de la demande italienne de garanties stratégiques. Si quelqu'un avait le droit de demander des garanttilèfs, cæ seraient plutôt les Sudslaves qui sont beaucoup plus faibles, et que l'Italie, comme grande puissance, pourait menacer, dans leur développement politique et économique. :
La seconde condition, ca sont les garanties! réciproques à donner, sous les auspices de tous les liés de la Société des Nations, aux noyaux ethniques italien et slave qui, par la force des uhoses, resteraient dans le cadre du royaume
serbo-croate-slovène et respectivement du royaume d'Italie. Si l'on parvenait à convaincre les uns et les autres d'octroyer des garanties effectives: au sujet de la langue, de la culture et ide {a conservation de la nationalité sans léser la souveraineté des Etats respectifs, les Italiens m'auraient pas besoin de réclamer la Dalmat'e, pays purement slave, pour sauver 18.000 Italiens ou ou Itahanisants, Ils ne commettraient pas mon pr la faute commise par le «Corriere della era» de demander l'élargissement de Ia frontière italienne jusqu'à Fiume, afin de pouvoir aussi englober cette ville! Les Slaves du Sud! d'autre part, se résigneraient plus facilement à accepter le sacrifice nécessaire de ceux de leurs compatriotes qui se trouvent dans les régions de l'Istrie occidentale ayant une majorité ilalienne et devant par conséquent apparkenir à J'Jtalie.
La troisième condition, c'est que l'Italie adapte sa politique balkanique actuelle, qui ressemble étrangement à l'ancienne politique autrichienne, aux nouvelles conditions dans les Balkans et dans le monde entier. En d'autres termes, l'Italie devrait traiter les. Etats balkaniques en. peuples mûrs et ayant le droit à la parité. Ce qui importe plus particulièrement, c'est que l'Ilalie ne suive pas l'exemple de l'Autriche, en €herchant à protiter des divergences serbo-bulgares ou grécibulgares ou serbo-roumaines. À cet égard, nous ne sommes pas tranquilles non plus. Nos amis italiens me comprendront et ja n'ai pas besoin d'insister, Ce que nous souhaitons, c'est que la poliuque italienne dans les Balkans, pour ut à des résultats utiles, s'unspire des mêmes principes que celle de la France ou de la GrandeBretagne, soit, dans le domaine politique, une réserve absolue; dans les domaines économique et de la culture, une activité üillimitée pour le bien réel des deux nations.
Il est vrai que les Serbes, Croates et Slovènes sont unanimes à réclamer le respect du print cipe des nationalités et à déclarer qu'ils n'admettent pas que de grandes parties de leur nation soient attribuées à l'Italie en vertu de prétendues raisons géographiques, stratégiques ou autres. Une entente avec nous équivaut pour f'Ilalie à la perte d'une illusion, parce qua nous ne demandons que les terres habitées par notre peuple; mais en revanche, cette entente constitue pour les Italiens le plus grand gain qu'un pays puisse réahser, celui que donnent la sécurité absolu et une amitié solide avec un voisin jeune et vigoureux. Que l'on n'oublie pas que l'Italie a gagné sa guerre par le seul fait de la disparition de l'Autnche-Hongrie. Toutes les questions territoriales sont secondaires en comparaison de la grandeur de cette victoire qui assure à l'Italie La paix et la sécurité. D'autre part, nous offrons à l'Italie, en raison de Sa proximité, les meilleures conditions d'écoulement pour ses produits industriels. Les frais de transport moins considérables d'un côté, Le goût particulier des consommateurs balkaniques, les Bu généralement «moins élevés “que ceux des. produits anglo-français, d'autre part, permettraient au commerce italien de prendre en fait, dans les Balkans, une situation économique prépoin: dérante sur les autres puissances alliées. Enfin, l'excédent de main-d'œuvre italienne, qui prenait le chemin de l'émigration, pourrait trouver du travail chez nous, car nous manquans d'in: génieurs, de constructeurs, d'entrepreneurs et d’ouvriers qualifiés. La condition indispensable üu développement des relations économiques, c’est que les frontières tracées ne soient pas des barrières, mais bien des portes d'entrée qui permeitent de prendre confact. Le bien des peuples est la raison suprême de toute politique. Que nos amis italiens examinent en toute sincérité ce que le peuple italien gagnera à suivre l'une
ou l'autre voie. Dr L. MARCOVITCB, Professeur à l'Université de Belgrade.
Le passé de la Dalmatie
Le «Cornere della Sera», le grand journal milanais qui mène une vigoureuse campagne pour une entente équitable entre l'Italie et les Yougoslaves. publie dans son numéro du 16 janvier, un intéressant article au pujet des prét tentions italiennes en Dalmatie. Nous en ex: trayons Ile passage suivant, qui se rapporte au passé de la Dalmatie: ‘
« La Dalmatie n'est pas une terre géographi: quement italienne. La doctrine sefon laquelle Ja frontière orientale ‘de fItalie est consètuée par 18 Velebit et les Dinarïques, rappeffe la doctrine pangermamiste qu fxat [a fronfière de ja Germame a radige et au P6. ;
Pour de trop évidentes raisons de science et de bon sens, |’ L touré par les Alpes et ia mer. Mais si, par fs Alpes, on entend toutes les ramifications et toutes Jes chaînes montagneuses qui, de quelque manière, se rattachent aux Alpes, la frontière ltalienne peur être reportée jusqu'aux Danarïques, comme elle peut l'être jusqu'aux Balkans el, de l'autre côté, jusqu'au Jura, la vallée du Rhône et la Forêt Noire Pour des motifs analogues, des pangermanistes souftenaient que quionque possède le gros du massif àfpin doit ‘en posèder aussi les vallées jusqu'aux débouchés, et ils prétendaient encore que quiconque à € Fa possession les sources des fleuves doit en ävoar les embouchures. De cette façon, on peut bien baptiser l'Adiiatique du nom de golfe de Venise et soutenir que, puisque Venise est italienne, sont également italiennes toutes les terres qui sont autour de ce golfe. Ce baptême et ses conséquences illusoires coûtent peu, mais leurs conclusions ont encore moins de valeur. La Manche pes à son point le plus étroit, s'appelle Pas-de-Calais, mais ce n'est pas pour cela qu'on pourrait dire que la côte anglaise de Douvres est terre française. .
Ta Dalmatie a été une terre romaine, comme tous les territoires de la Méditerranée. Toux tefois, ce fait ne justifie pas l'annexionnisme
l'Italie est et reste le pays ‘en
à l'égard de la Dalmatie, pas plus qu'il ne justificrait les visées impérialistes italiennes sur l'Espagne, sur la Provence ou sur la Roumanie. ans le ler siècle de l'ère chrétienne, un dialecte spécial Yÿ prit naissance: le dialecte romanche qui n'y eut qu'une vie chétive et finit par. disparaître, C'était un dialecte dérivé du latin, comme la langue portugaise ou la langue catalane, Mais cela ne saurait nous donner aucum droit de conquête, pas plus que le caractère latin des langues qui s'y parlent ne nous donnerait un droit de conquête sur Je Portugal ou la Catalogne.
Au Vile siècle, les Slaves ÿ arrivèrent et y demeurèrent. Depuis cette époque, donc depuis douze siècles, la Dalmatïe est restée un pays en majorité slave. Il-éest yrai que le droit des: Siaves est fondé sur l'invasion et sur La con quête. Mais, également, le droit de l'Ilalie sur les régions italiennes du Pô, qui autrefois S'appelaient « Galliacis alpina», est fondé sur l'invasion et sur la conquête. Sur la même base repos& le droit de l'Italie sur l'Italie méridionale quis autrefois, s'appelait « Magna Grecia ».
Le fait que Milan fut celtique ne justifie pas l'irrédentisme français à l'égard de cette Ville, pas plus que le fait que Tarente fut atutrefoifs hellénique ne justifie l'irrédentisme grec à son égard, Le droit historique ne peut remonter le cours des temps sans engendrer les
pu tolles prétentions de tous contre tous. La Fe
matie, qui n'a jamais été italienne, mais seu: lement romaine ou méorlatine, a été slavisée à la suite de l'invasion et de la conquête, ou plutôt à la suite d'un phénomène de caractère plus naturel que militaire: à savoir là migration. des peuples. IL y a des réalités sur lesquelles il n'est pas possible da sophistiquer. L'essentiel est d'établir si, aujourd’hui, on peut recom mencer les migrations violentes de peuples et si cette guerre a été menée pour consacrer em Europe le principe de l'invasion et de la con: quête.
Puis. vers l'an mil, la période vénitienne die la Dalmatie commença et dura iongiemps: à peu près huit siècles Venise jl est vrai créa un empire «sui eris» qui comprenait desl terres qui étaient et sont restées slaves ct grecques : Spalato et Corfou, Cattaro et Chypre. Mais celui qui croit que Venise a exercé sa domination, pendant ces huit siècles, sur (out le territoire dalmate, sa trompe grossièrement. Dans les quatre premiers siècles, elle n'avait que quelques points d'appui qu'elle ne fenait ‘ailleurs que d'une manière incertaine, variable, douteuse. Plus tard, elle s'assura une bande de littoral usqu'à Narenta, d’une profondeur de cinq küliok mètres au grand maximum (ligne Nani 1635). Ce ne fut seulement que dans fa Seconde moitié du XVIe siècle qu'elle atteignit l'intérieur (ligne Mocenigo 1699), et seulement en 1719 (ligne Gri-: mani) qu'elle poussa en quelques points jus: qu'aux Alpes dinariques. Venise ne fut maîtresse de la Dalmatie entière, ou à peu près, que durant un siècle environ. En 1797, elle s'écroula et son empire se démembra. Comme tous les autres empires européens qui. S’écnouh lèrent avant et après l'empire vénitien, les débris de ce dernier gravitèrent vers de nouvelles unités nalïonales en formation. Ceux qui étaient grecs s'orientèrent, dans les années suivantes, vers la Grèce. Ceux qui étaient slaves allèrent compléter la Slavic: ceux qui étaient Italiens rejoignirent, entre 1866 et 1918, intégralement l'Italie.
La tâche de l'Italie est de constituer son unité nationale et non pas de reconstituer l'empire vénitien, Si sa tâche devait être mon pas la première, mais cette dernière, l'Italie devrait demander, outre la Dalmatie, également [a Candie et le Péloponèse, en renonçant, d'autre part, à Trente, à Trieste et à Fiume qui n'étaient pas compris dans l'empire vénitien, Pendant la domination vénitienne, il y avait des Ila-
liens en Dalmatie et üil y en a encore aujourdhui. L'erreur commence là où l'on dit ou lorsqu'on fait i que la Dalmatie
était au temps de Venise et longtemps après, ilalienne de race ou ‘da volonté el qu'elle a été dénationalisée par violence et par fraude. La Dalmatie comme 1l résulte de toutks les sources et de tous les témoignages sans distinction, était en grande majorité slave au temps de Venise, gt par la suite encore.
Il suffirait pour s'en convaincre, de consulter le «Voyage en Dalmatie» de l'abbé Fortis qui est antérieur de plusieurs années hu. traité Campo Formio. La Dalmatie a été, au point de vue ethnique, en grande majorité slave même à l'époque où la langue officielle du pays était l'italien, à l'époque où les municipalités étaient italiennes et quand sa volonté nationale était italienne — si cela fut jamais — ou vénitienne ou autonomiste. Le «massacre die l'italianisme », au dire des annexionnistes, commença nprès 1866, les municipalités tombèrent waprès 1870. Or, les paroles de Mazzini et de Thommasco, par lesquelles ils reconnaissaient que la Dalmatie appartient aux Slaves — ‘ont été prononcées. en 1866, soit respectivement en 1835 et en 1861 »,
Le dossier noir bulgare
Jusqu'où va la cruauté bulgare . On nous mande de Belgrade: Le député Gavrilo Nikolitch a déclaré au journal « Epoha » que les officiers bulgares avaient empalé «sur des sabres des
“enfants en présence de leurs parents et
qu'ils tuaient des parents en présence de leurs enfants. Dans les villages de Gaïtan et de Svinyarci, ils attachèrent par les pieds à un poteau les femimies et allumèrent sous leurs’ pieds un feu qui les brûla. Souvent ils pendaient les femmies enceintes et arrachaïient de leur ventre les fœtus.
Dans les villages de Boubvci, Slichané, Granyé gt Retkopar, les Bulgares ‘äincendièrent les écoles. Très souvent, ils firent
Lundi 24 Février 1919 — No 8 du chantage envers la population, la menaçant dincendier ses foyers. Une fais la rançon payée, les Bulgares rienoiuvelaïent leur chantage en envoyant d’autres. personnes. Rien que dans le district de Yablanitsa, département de Vranya, les Buigares incendièrent 3301 maisons et tuèrent 682 hommes, femmes et enfants.
Que la Bulgarie soit jugée !
La tactique des Bulgares, qui, d’ailleurs, correspond parfaitement à leur mentalité touranienne, consiste à nier même lévidence, toutes les fois que leurs intérêts, si minimes soient-ils, le réclament. En 1913, au lieu de chercher des circonstances alténuantes pour les crimes dont ils s'étaient rendus coupables envers l'hiumanité en achevant les blessés ow en tuant des. prisonniers, .ils se -bornèrent ‘à mier stupidement et prétendaiïent que les Serbes et les Grecs ne faisaient que les calomnier, Aujourd'hui, après des horreurs qui dépassent de beaucoup celles de 1913, les. Bulgares, en récidivistes, essaïent de la même tactique. Ils ne pourront cependant pas aller plus loin qu’en 1913. Le lk« Times» du 2 février, nous apprend, en effet, qu’une commission interallice, nommée pour établir les crimes bulgares commis en Macé-
- doîne et en Serbie loccuplées, a terminé ses
travaux et que, sous peu, elle enverra! aux gouvernements alliés, un rapport détaillé sur les cruautés inouies dont fut victime le peuple serbe.
« I] ressort de ce rappiort, dit Le «« Timies », que le gouvernement bulgare avait férmemient décidé dexterminer tous les Serbes qui ne voudraient pas renoncer à leur nationalité. Ses méthiodes courantes furent la déportation, les exécutions et des crimes horribles perpétrés sur une population Fans. défense par les troupes bulgares qui nd firent qu’exécuter fidèlement les: préceptes du Précis de guerre allemand.
Plusieurs tombes et fosses ont Sté ou vertes devant la commission, qui constata que les Bulgares avaient enterré leurs victimes, hommes et femmies, pêle-méêle. Plusieurs personnes des deux sexes qui avaient échappé à la mort lont miontré des parties de leur corps qui portaient encore la trace des tortures subies, Plusieurs cas Ktablis par la commission sont À tel point répugnants qu'il est impossible de les) publier-. Un des moyens favoris de torture, dont plusieurs Serbes portent la trace ineffacable, consistait à frapper le ventre du supplicié, au moyen d’un bâton ou d'une corde à nœuds.
Les prêtres et les instituteurs, en tant que patriotes, furent particulièrement désignés pour la déportation. Très petit est le nombre des survivants. Ceux-ci n’échapr pèrent à la mort qu'en se sauvant en lAlbanie ow en Grèce, car la déportation ne signifiait pas autre chose qu'une mort certaine ».
Il convient de n'fter ici que l'Amérique ne devait pas être représentée d’abord dans cette commission, car elle n'était pas en guerre avec la Bulgarie. Une circonstance qui trahit bien la mentalité bulgare, à cependant déterminé l'Amérique à en faire partie. M. Panarétoff, münistre de Bulgarie à Washington, feïgnit d’insister vivement pour que l'Amérique acceptât d'avoir un délégué dans la commission, escomptant un refus catégorique de l'Amérique. Malheureusement pour la Bulgarie, M. Panarétoff avait mal calculé, L'Amérique se fit représenter par M. Drayon et put ainsi établir sa conviction, par l'intermédiaire de son propre représentant. «Si M. Panarétoff l'avait su, écrit le « Times », il n'aurait pas insisté et permis à limpartial Américain de confirmer la réalité des crimes COMMIS, » i Fe
Nous attendons ‘des Alliés qu'ils, considèrent ce rapport comme un véritable acte d'accusation et qu'ils traduisent la Bulgarie devant une cour interalliée. Aucune réparation, aucune réalisation de nos aspiralions nationales en Bulgarie, ne p nous rendre les milliers de nios paisibles citoyens traîtreusemient assassinés par les Bulgares, Seule, une justice intégralement rendue pourra nous procurer la satisfaction de n’avoir pas versé notre sang pour de belles phrases. C’est à cette satisfaction que nous tenons plus qu'à toute autre.
TE: tt Société Génevoise d'Edit. et d'Impr. — Genève