La Serbie
— No 15
FERA RERET
RÉDACTION et ADMINISTRATION @, me du XXXI Décembre - Genève : ; Téiéphone 14.6
L'ouverture du Parlement de notre royaume
Ja nation serbo-croato-slovène. Le discours du trône prononcé par le prince-régent constate un fait que la diplomatie alliée, au grand détriment de son autorité morale, n'a pas su apprécier à sa juste valeur. C'est que notre peuple a fait preuve, à cette époque nouvelle de liberté et d'indépendance, d'un calme et - d'une dignité remarquables. Tout autour de nous, des foyers de troubles s'allument; nous, nous restons à l'abri des secousses bolchévistes 4 et autres. On n'aurait pas pu fournir une meilleure preuve de l'unanimité du désir de notre nation de vivre de sa vie nationale et indépendante. _ C'est avec une satisfaction particulière que _ tous les Serbes, Croates et Slovènes ont suivi _ les travaux de la première Assemblée natio… nale sudslave. L'espoir légitime de notre peuple de voir réalisées ses revendications nationales se réflète encore dans le discours du trône qui est consacré principalément, comme il est naturel, aux problèmes et aux difficultés d'ordre extérieur. Mais, suivant les usages parlementaires que le jeune Etat unifié a reçu en heureux héritage du royaume de Serbie, le 5 gouvernement a indiqué aussi quelques mesu» res d'ordre intérieur qu'il se proposerait de
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| prendre dans l'intervalle qui nous sépare.de. la
convocation de l'Assemblée constituante, Dans le domaine économique, c’est la solution im…_ nédiete de la question agraire, l'égalisation du | régime immobilier des provinces serbo-croates… «lovènes de l’ancienne monarchie dualiste avec a elui existant en Serbie, c’est-à-dire, partout, … | remise de la terre à celui qui habite sur elle _ equi la cultive. Dans le domaine politique, _ Japplication provisoire du régime démocrati> que serbe à tous les pays sudslaves. Le gouVernement se réserve en outre le droit de soumettre au parlement d'autres projets que _ nécessiteraient les circonstances. E - : Pour répondre au discours du trône, le par__ lement a voté une adresse particulière qui fut - solennellement remise à la couronne. La dis…_ cüsion sur la teneur de cette adresse a montré .. l'ananimité des sentiments de notre nation tout _ entière, depuis les Alpes jusqu'au Vardar.Tous - les orateurs ont rendu hommage à la vail-
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- lance de l'héroîque armée serbe; tous ont = exprimé leur gratitude à la Serbie pour les . immenses sacrifices faits sur l’autel de l'unité
et, enfin, tous se sont ralliés aux protestations _ contre l'occupation par une puissance étran… gère de vastes régions de notre Etat unifié. … L'adresse, votée à l'unanimité, prouve de façon éclatante la solidarité de notre nation, solida… rité effective contre laquelle se briseront toutes es tentatives que font nos ennemis pour nous unir et nous affaibli. À Belgrade, par leur | atitude calme et énergique, que maints peu ) ples pourraient nous envier, les députés serbo_ Croates-slovènes se sont montrés dignes des lourds sacrifices faits par le peuple serbe en _ Vue de son union nationale. C'est là le meil_ leur gage de notre avenir national, c'est la | garantie la plus sûre et la plus efficace que > Nous saurons réagir contre toute atteinte portée à l'intégrité de notre nation.
La fatalité a voulu que notre peuple fût
_ Placé en même temps devant je problème 1nrieur et le problème extérieur, et que nos forces, au lieu de paraître unies et solidaires 4 devant l'ennemi du dehors, semblassent menä…_ cées d'être divisées et affaiblies par des dispur _ té intérieures. Ceux qui nous guettaient et - Qui espéraient nous voir tiraillés par des disenssions intérieures, ealculaient avec une cer” _litude presque absolue que notre union Le Pourrait se réaliser qu'après des secousses et
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Paraissant tous. les Lundis
Rédacteur en chef : Dr Lazare MarcOVITCH, professeur à l'Université de Belgrade
des conflits même sanglants, et même, éventuellement,, la guerre civile. Rien de pareil n'arrivera. La conscience nationale de notre
MARS CPR PP Rens A A a peuple s'est révélée plus forte que d’aucuns le
croyaient. Les. représentants autorisés de notre nation se sont rendu compte que le problème de notre union était tout d'abord un problème intérieur, une question qui se posait à notre volonté et à nos sentiments. Î[ fallait bien le faire voir aussi à ceux qui en doutaient. La première Assemblée nationale des Serbes, Croates et Slovènes n’y a pas manqué. Elle a fourni la preuve au monde entier que nous sommes un seul peuple, que nous voulons le rester et que nous saurons, au besoin, défendre notre intégrité nationale.
À l'heure où de fâcheuses nouvelles se répandent au sujet de nos prétentions légitimes, à l'heure où les quatre Dieux terrestres décident à Paris de nos frontières, l'Assemblée nationale des Setbes, Croates et Slovènes de Belgrade nous a rassurés. Elle a montré que notre sort est entre nos mains ét que nous ne sommes pas disposés à le comprometire par des dissenssions intérieures aussi stériles que
préjudiciables. M
L'adresse du parlement
Altesse Royale !
La Représentation Nationale s empresse d'exprimer -2-Votre ALESSR RE A COQAUISE sance cordiale pour les paroles qu'Elé nious a adressées au nom] de $. M, le roi Pierre, et par nous, à fous nos frères portant le nom glorieux de peuple serbo-crioala-slovène-uni aujourd'hui à jamais en ‘un Etat national. Elie vous prie d'exprimier au roi
e à l'Assemil
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Pierre les sentiments de profond respict, :
de reconnaïssance et de dévouemini que ;
lui ont assuré ‘dans le,peupie sa foi ferme, sa fidélité inébranlable et son ‘attachement au grand idéal de liberté et d'union. Depuis sa première jeunesse jusqu'à l'âge respectable où il est arrivé, le roi Pierre est resté solidaire avec son peuple, pendant toutes les péripéties, bonnes ou mauvaises, de la lutte nationale. Que Sa Majesté et Votre Altesse Royale fsoïent heureuses du beau succès de leurs efforts communs pour le bien du pays. |
Ces efforts ont faït que pour la première fois dans l'Histoire, notre peuple aux trois noms a pu inaugurer sa vie souveraine par une seule représentalion nationale, dans la collaboration harmibonieuse de la Couronne et du peuple.
Toute notre nation a travaillé pour la justice et a eu le bonheur de voir la |justice lui être rendue. Les efforts de nos grands homimies, savaniis, artistes, -polibiciens et wmiartyrs nalionaux, qui pendant des (siècles et dans toutes les régions de notre patrie, ont travaillé, souffert, se sont exprir imés dans leurs chants et ont sacrif:é leur vie” pour une idée, pour un VœU, ont été couronnés de succès. Cetlie pensée est rene srâre aux conditions réalisées par les exploits--de- l'armée. héroïque conduibe par
otre Altesse.
Lorsque nous lance de cetite laur‘ers et de ses slave, notre cœur
nous ragpelons la vailarmée serbe couverte de admärables unités, sudtremble d'émotion et de reconnaissance et nos yeux ,$e, TE plissent de Jarmies pour le sang précieux de nos meilleurs fils. Notre seule gonsolation, c'est que ces sacrifices ont pu ce duire à l’heureux _accomiplissement de de délivrance et de l'union de. notre peus & Le souvenir des héros qui sont ton? S vivra éternellemient ‘dans le cœur . RU les Serbes, Groafes et Slovènes ct se transmettra, d’une génération 4 l'autr 6, CARE un héritage sacré. Leurs a es! : e guerre qui Sont restés vivants € Tr peu vient voir s'achever l'édifice ConsiTr uit pes leurs efforts seront toujours entourés de Yamour et du respect de tout. notr e peuple.
Nous avoquons aujourd’hui ces our ee Jorieuses où la Serbie sous Ka ageorge et Niloche commencèrent Ja sue sos de la délivrance de notre PEU _ ê Me elle a pu travailler jusqu'à présent fa
ie nationale
fément et sans repos. Elle à posé la base ‘ane organisation équitable, non seulement olitiques, mais aussi des réa-
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le : T Fésalité sociale a fait plus que tout pour que le peuple tout entier se rassemble autour de ce centre solide de notre liberté. Les luttes séculaires et les sacrifices im:
imienses de la Serbie, l'amour jilimité et :
l4 reconnaissance sincère de toute la naion sont les m£illeurs gages d’un glorieux avenir.
La juste cause pour laquelle a lutté la Serbie, a été soutenue, à cause de lélévation de son idéal, par les grandes matons civilisées qui ont délivré le m'onde de la force brutale de la barbarie. Nous nous souvenons avec reconnaissance des exploits nombreux qu'ils ont accomp'is dans la lutte pour les grands el éternels biens d& la civil‘sation, sur tous les champs de
bataille, Tâchons de rester, égalemient dans | dans la paix, leurs dignes compagnons et : fes membres avancés de Ha grande famille |
libre des nations. :, Depuis qu'il existe, notre peuple n’a cessé de lutter contre toutes les atfaques failles
-à son pays. Jamais, par aucun de ses actes, il n’a trahi le principe que les Bal-
Kans devaient appartenir aux peuples qui :
Phabitent. IL n'existe, aucun arrangement
“à aucune action quelconque qui Aurait ! pu faciliter à qui que ce soif l'invasion |
@t' la conquête de nimporte quel patrifloine national. Il a succombé le dernier devant l'invasion turque, et il s'est levé lé premier contre les Turcs, en invitant aussi tous ses voisins à collaborer à sion uvre. Lorsque, dans le nouveau siècle,
de TEtropé centrale, notre peuple s'est opposé à celle-ci, en invitant de nouveau, à la résistance commune et à la collaboration ous ses voisins balkaniques. Pour l'amour de la justice eb de la paix, nous devons répéter que dans lOrtent euroxéen, nous avons toujours été le seul gardien sûr, courageux et incorruptible des grands principes ethniques de liberté et de justice.
Les Balkans sont un des endroïls les plus sensibles, non seulement de l'Europe, imiaës du monde entier. Il est dans l'intérêt général de la paix et de la sécurité de la civilisation que des rapports de justice v sotent établis. Nous ne demandons pas d'augmenter notre puissance au détriment de qui que ce soit, mais nous déclarons à haute voix que nous nous oppresons à ce que les velléités de conquête de n’im-
FRS a at que re mplAieée DA Celle
porte qui soient favorisées, aux. dépens :
de notre unité nationale. Altesse Royale!
C'est avec une angoisse profonde que |
tout notre peuple, à Gorica, Trieste, en Istrie, Fiunie, en Dalmatie et au Monténégro, dans certaines parles de Ia Bulgarie, dans le Banat, le Batchka, le Baragna, le Meldjouimourié et le Prékomiourié en Slyrie et Carinthie, en Serbie, en Croatie et en Slavonie, dans la Bosnic-Ferzégovine, comment la Conférence résout sa quest'on natonale. Les peuples ne sont pas des -Gbijets qui puissent, sans être consultés, $asser d’un pouvoir à l'autre, Subjuguer ün peuple ou une partie d’un peuple, est
un crime international. L’espril de solida-
rité internationale devrait empêcher de tels crimes. Ceci est ‘clair, et conscients de nos droits. de nos sacrifices et de notre force, nous attendons que touis ceux, grands et petits, que nous avons) compris, nous comprennent égalemient. Il ne peut y avoir d'ère nouvelle en Europe ‘si, après deux invasions, de l’est et du nord, une troisième invasion est rendue possible. Les ÆEltatsUnis d'Amérique, qui ont part'cipé à la guerre pour établir un nouvel ordre de choses dans 18 monde, un ordre basé sur des droits égaux pour louis, ont conclu avec les puissances alliées un accord supérieur à toute convention secrète contracfée sans nous ef ayant pour objet ce qui est À nous. Notre peuple respecte cet accord et ces conditions de justice, et il est prêt à se soumettre à eux. Sans léser les droits d'autrui, nous réclambons notre unité inbégrale. Le sacrifice de parties précicuises de l’'Adriatique laisserait subsister un germe de conflits qui menacerait la paix de façon permanente.
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JOURNAL POLITIQUE HEBDOMADAIRE
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Nous avons donné à la guerre un impôt terrible et sanglant; nous donnons à présent à la paix le gage de notre bonne foi et nous attendons qu'on estime cela à sa juste valeur. Ne faisant de vilenies à personne, nous ne souffrirons pas qu'un autre en comimiette. La force aioït servir le droit et non pas le créer.
Altesse Royale! les besoins vitaux el
urgents. de. notre peuple dielent au Par
lesreiit Nat.Onal l'obligation de, passer sans retard à l'exécution de ce qui est le plus nécessaire à notre édifice public. [I accom-
plira sa imission dans cette période tran- -
sitoire, d’une part, en brisant hardiment les fe:s que l'ennemi avait mis à notre force nationale et, d'autre part, en conservaut soigneusement ce que le .pcuple a conquis et sauvegardé dans le passé et qui est en harmonie avec le but que nous avons inaiqué fous d’un commun accord jusqu'à présent et que nous nous sonimes promis d'attendre, et le Conseil National à Zagreb, et la Skoupchtina de la Voidoiina à Novi-Sad, et la g'ande Skoupchtina du Monténégro, e: la Skoupchtina serbe à Belgrade; en conservant tout ce qui a été recueilli par le Monarque à son avènement et qui à suscité un é:ho joyeux et retentissant dans toutes les villes let les villages, les montagnes et les plaines de notre jeune Royaume, sur toute létendue et la continuité de notre territoire national.
En plein accord parlementaire avec le gouverneémient, le Parlement Nalional se ineltra au travail pour guérir les graves blessures du passé très vieux et du passé récent et. il préparera les bases pour le développement de la nation et de la patrie unies en créant les condilions premières d'une organisation définitive et démocratique de notre Royaume. Celles-ci Seront établies: par la Constitution qui sera votée par. l'Assemblée Constituante, et lues aès quenosgueérriens.couronmnés.de gloire poulront rentrer dans leurs foyers, après avoir monté la garde pendant sept années et lutté pour les idéalis nationaux. Le Parlement considère comme (un de ses travaux les plus pressants d'élaborer une loi électofale pour cetie Assemblée. Il sinsp'rera à celte occas'on, des principes de la démiocrabe moderne qui rend possible dans une juste proportion la ctilaboration à la vie publique, de tous les élémients, selon les exigences de la vie et de l’époque, et en les satisfaisant pour le mieux. Le, Parlemient National ressentant le besoin d’un Grdre constitutionnel pour lout le territoire de nolre Royaumie, décidera par tune Constitution provisoire de la manière dent le pays sera dir'gé et gouverné, jusqu'à ce que l’Assemblée Constituante ait définütivement élaboré la loi fondamientale du Royaume.
Persuadé que seul un Etal organisé d'après les principes de la liberté civile absolue, de l'égalité juridique, du progrès social et inteliectuel, peut être préservé des dangers extérieurs ét intfrieurs, le Parlement Naïional est isatisiat de voir que, déjà avant sa réunion, on a proclame le piincipe que, désormaÿs, les rapports agraires léodaux (sont impossibles. Il achèvera d'urgence et en la. pré.isant, cette œuvre de justice sociale par des dispositions selon lesqueiles, Lors du partage, les victinues deis grandes guerres ou ceux dont les parents le furent el qui ont besoin de terres, seront servis les premüers, Lie Parlemert Nalonal entourerr la suppression des rapports des Kimgts et le partage des grandes propriétés de garantes et d'institutions qui renforceront de façon durable la production agricole et consotideront définitivement les bonncs relations dans les campagnes.
Le Parlement National contribuera de même, de toutes ises forces, au rachat de la dette nalionale la plus sacrée: celle contractée envers les imjar'yrs innombrables de notre libération el de notre ‘union, nationale, en s’occupant de leurs familles et des orphelins.
C’est dans les mêmes bonnes disposit'ons que seront accueillies étudiées et mienées à bonne fin, toutes les initiatives parlemientaires. celles du gouvernemi nt et cles des députés pour le renouvellement, le rétablissement et le déve'opprmint cles relatfons dans les branches po'ilique. économique, sociale et intel'ectu lle di Ja vie publique tout en examänant avec soin la sifua'ion créée par la guerre les rapports juridiques ct les rapports modifiés des