La Serbie
qui, on doit bien l'avouer, représente avec autorité, l'empire germanique déchu. Lui seul, de tous les délégués allemands, est vraiment une figure importante, Dans toute sa façon, quand il marche, qu'il se tient debout où bien qu'il parle, une personnalité marquante se révèle sans contredit. En entrant dans la salle de la Conférence, il sut bien se dominer et, malgré l'émotion qui devait l'étreindre à la vue des représentants du monde entier groupés en face de la Germanie vaincue, il marchait lentement, de son pas habituel, cherchant sans lunettes à pénétrer mieux l'atmosphère dans laquelle il se trouvait. Il lut sa déclaration assis et sa Voix conserva, tout le temps, le même ton moyen où l'énergie le cédait de temps en temps au sentiment évident de l'impuissance matérielle dans laquelle l'Allemagne Se trouvait, de l'aveu de M. Brokdorif lui-même.
La déclaration du premier délégué allemand fut écoutée, non seulement avec attention, mais aussi avec un intérêt évident par tous les assistants. Les passages où les délégués allemands reconnaissaient la culpabilité de l'Allemagne et prenaient l'engagement théorique de réparer les torts commis, furent suivis aussitôt par d’autres allégations très discutables, où l'on cherchait à atténuer ces mêmes torts. Ce fut, en somme, un plaidoyer assez habile qui, dans d'autres circonstances, aurait certainement produit son effet, mais qui, à l'heure actuelle, parut bien déplacé. Après tout ce que les Allemands ont fait, et surtout en présence de leur mentalité bien établie, les Alliés ne pourraient Pas, Sans COMpromettre la victoire, se montrer sensibles aux arguments tirés d'une idéologie étrangère au monde
germanique. Lorsque M. Brokdorfif-Rantzau rappela |
la réponse de M. Lansing à la note allemande du
5 octobre 1918, et insista sur Îles principes de Wil- |
son l'illustre président des Etats-Unis qui écoutait attentivement l'exposé du délégué allemand, ne donna aucun signe d'approbation. Le 7 mai, en
effet, était le jour de l'anniversaire du torpillage |
de la Lusitania, et les derniers qui devraient se réclamer des principes de Wilson, ce sont certes les Allemands.
Le discours de M. Brokdorif-Rantzau fut traduit, ensuite, phrase par phrase, par deux traducteurs allemands, en français d'abord, en anglais ensuite. Le traducteur français s'’acquitta difficilement de sa tâche, de sorte que seuls ceux .qui comprenaient l'allemand purent saisir la vraie pensée du premier délégué de l'Empire allemand. Cette pensée pourrait se rendre à peu près ainsi: L'Allemagne est cou-
pable, mais elle n'est pas seule coupable : l'Alle- |
magne paiera, mais elle ne pourra pas tout payer, et surtout elle ne pourra pas payer sans le secours et la collaboration des Alliés ; enfin, l'Allemagne est prête à subir la loi du vainqueur, mais elle ne
pourra pas accepter une paix qui serait basée uni- |
auement sur la violence. Le délégué allemand n'a fait aucune menace et là même où il défendait la thèse allemande, il le fit plutôt sous la forme d’un appel à l'esprit de justice des Alliés et à l'intérêt qu’ils ont de ne pas voir l'Allemagne s’écrouler dans l'anarchie, le bolchévisme et la pauvreté.
Après le discours de M. Brockdorfi-Rantzau, la
séance fut aussitôt déclarée close. Les délégués allemands sortirent, accompagnés des officiers français. Ce fut tout. L'abîme qui sépare la Germanie du
reste du monde est apparu manifestement à ce
premier contact des délégués respectifs.
Au fond ce fut un contact bien simple et bien | mesuré. Les Alliés entendent garder les mêmes dis- |
tances pendant toute la durée des conversations et l'on ne peut que les féliciter de cette décision qui montrera au peuple allemand que l’on ne pourra pas oublier si facilement les crimes odieux dont ses fils se sont rendus coupables. Les délégués allemands s'en sont bien rendu compte, et l'abattement qui se lisait sur leurs visages provenait en grande partie de cette constatation douloureuse pour eux
que, même après l'armistice et à la veille de la paix, |
on continuait à ne voir en eux que des représen-
iants boches ou des délégués des Huns. Pouiricus. ’
Lettres non publices
ll Paris, 21 avril 1919. Monsieur le Directeur du Figaro, Paris. Monsieur le Directeur,
La réplique de M. Witney Warren à ma lettre a eu au moins ce double résultat de rapprocher dans une certaine mesure les deux thèses, italienne et serbe, et de préciser d'autre part les points gui nous
séparent. Je ne veux pas abuser de votre aimable |
hospitalité et ie me bornerai seulement, pour répondre à M, Warren, à souligner les faits suivants, dans l’ordre même adopté par votre honorable correspondant : .
1. La Serbie, qui est le représentant national de tous les: Serbes, Croates et Slovènes, non seulement n’a pas signé le traité de Londres, mais elle est restée complètement étrangère à ce traité. Le gouvernement italien avait posé, en 1915, comme condition que la Serbie et le gouvernement serbe ne connussent rien des pourparlers menés entre l'Italie et l'Entente. Et c’est la raison pour laquelle le peuple serbo-croate-slovène n'est nullement disposé à considérer le traité de Londres comme obligatoire. Les Italiens ne contestent pas ce fait et M. Warren ne voudra pas non plus le contester.
Quant aux Etats-Unis, tout en respectant l'opinion de M. Warren, je regrette de ne pouvoir m’associer à sa façon de voir qui n’est pas non plus partagée par le gouvernement américain. Les délibérations actuelles du Conseil des Quatre ne donnent pas raison à M. Warren.
2, M. Warren accorde aux Yougoslaves le droit de disposer de leur sort, mais il estime qu'en Dalmatie les Yougoslaves ne sont pas chez eux, car ils ne représenteraient que des populations immigrées. M. Warren est évidemment de nouveau dans le tort, mais ce qui importe c’est que sur ce ter-
eee id
LA SERBIE
‘rain là, nous pourrions arriver à des conclusions déterminantes. Il ne s'agit, en effet, que de démontrer lesquels des deux peuples, des Yougoslaves ou des Italiens, sont des immigrés. C’est une question de fait qui sera tranchée sur la foi des documents historiques, Nous sommes prêts à accepter toute discussion scientifique avec M. Warren sur cette question.
3. En ce qui concerne le plébiscite fait récemment en Dalmatie, si M. Warren doute de sa validité, rien n'est plus facile que de le répéter. Notre délégation a fait une demande formelle dans ce senslà. On pourrait faire la même remarque au sujet des arguments de M. Warren concernant les statis-
tiques autrichiennes. Un nouveau recensement nous
édifierait d’une façon objective sur ce point.
4. Quant à Fiume et à son statut particulier sur lequel insiste M. Warren, votre honorable correspondant n'ignore certainement pas, en bon historien, que des villes maritimes jouissaient au moyen âge, en raison de leur situation politique et commerciale spéciales, d'une organisation autonome particulière. Tel était aussi le cas de Fiume. Aujourd'hui que, dans tous les pays, les villes font un avec les campagnes, que les deux sont soumisés en principe à la même souveraineté, il n'y a afcune raison plausible de séparer Fiume de l’organisme naturel dont elle fait partie, c'est-à-dire du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes. Fiume est pour notre Royaume la base de notre développement commercial et maritime. Pour l'Italie, elle ne représente qu’une question de prestige et d'expansion. Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, avec mes remerciements, l'expression de mes sentiments les plus distingués.
Dr L, Marcovircn, IV
Interview du Prof. L. Marcovitch, publiée incomplètement par la Démocratie Nouvelle
La question serbe ou yougoslave est examinée actuellement et conjointement avec les prétentions italiennes dans l’Adriatique. Notre problème ne se rapporte pas uniquement à l'Adriatique, et il n’est pas exclusivement d'ordre territorial. En premier lieu ! nous insistons sur la responsabilité de l’Allemagne et de ses complices, responsabilité criminelle et pécuniaire. Notre délégation estime qu'il n'est que trop juste que les agresseurs payent tous les frais de leur entreprise sanglante. Sur ce pointlà, nous sommes complètement d'accord avec la France.
En ce qui concerne les réparations, on sait que les dommages causés à la Serbie sont énormes. Nous réclamons bien entendu une réparation intégrale, avec le même droit de préférence que l’on a accordé à tous les pays qui ont été envahis, Notre note est respectable, car nous avons eu le malheur d'être pillé et ravagé par deux grandes puissances: l'Autriche-Hongrie et l'Allemagne, et par une tierce puissance, petite en surface, mais plus raffinée et plus atroce dans la manière dont elle a détruit tous
nos biens. Cette puissance, c'est la Bulgarie. Toutes trois doivent payer solidairement les dommages causés.
En ce qui concerne nos frontières, nous avons l'espoir que la Roumanie s’apercevra au dernier moment de l'erreur commise par elle en demandant le Banat serbe, et que la délimitation de ce côté-là se fera sans aucun égard au traité de Bucarest de 1916. Le point noir à l'horizon sudslave, c'est la question adriatique. Mais, remarquez bien que cette question ne se résume pas dans le problème de Fiume. La Conférence se trouve en présence de deux thèses opposées. Nous réclamons les territoires habités par notre peuple ; nous les réclamons à cause de notre peuple et pour notre peuple. Nous ne demandons rien qui ne serait à nous par la volonté expresse de la population. L'Italie, au contraire, a formulé des revendications qui sont basées, non pas sur des raisons ethniques, mais sur des arguments d'ordre géographique, historique, stratégique, etc., de sorte qu'une conciliation paraît impossible. Pour nous. il s'agit non seulement de Fiume qui est d'une importance vitale pour notre développement économique, mais de l’Istrie, du district de Gorica, des îles, en un mot de toutes les régions habitées par notre race. La ligne de démarcation entre notre peuple et l'Italie est très nette. On nous accuse de mégalomanie, mais je vous le demande, peut-on qualifier de mégalomane un peuple qui propose l'arbitrage dans cette question ? Tout le monde sait que tout arbitrage comporte des risques. Nous avons eu recours aussi à un autre moyen. Nous avons proposé le plébiscite, la consultation des régions intéressées. Nous avons proposé ce mode de règlement aux Roumains, nous l'avons proposé l’autre jour aux Italiens.
Quelques Italiens nous demandent, il est vrai, pourquoi nous n'acceptons pas de plébiscite dans notre différend avec la Bulgarie. La raison en est bien simple : les Bulgares sont nos ennemis, ils nous ont attaqués, ils ont cherché à nous anéantir. Les Italiens, eux, sont nos alliés.
Nous sommes bien surpris de constater que le public français perd de vue l'importance qu’a l'Adriatique pour la paix future du monde. L’Adriatique est visée par l'Allemagne, et ce n’est qu'avec les forces réunies italiennes et slaves que l’on réussira à barrer la route au germanisme. La politique actuelle de l'Italie repose sur l'idée que l'Italie seule suffit à garder l’Adriatique. Ce fardeau nous semble, à et les Alliés commettraient un grave erreur s'ils appuyaient cette autosuggestion italienne. Toute politique qui repousserait l’aide et le concours sudslaves dans la défense contre l'avance germanique, serait une politique à courte vue, étant donné que les Slaves sont au moins aussi intéressés que les Latins à voir éloigner l'Allemagne de l’Adriatique.
1 Non seulement les Croates de Fiume, mais aussi les habitants de Bakar étaient, à cette époque, les partisans de la politique de la Hongrie contre l'Autriche, ainsi qe beaucoup de Croates du district de Zagreb, la capitale.
nous, trop lourd pour les épaules italiennes,
a —
20
Lundi 12 Mai 1919 — N°
La question de Ricka (Fiume)
Liberté ou servitude
\
Dans la question de Fiume, la crise est arrivée à son point culminant, et l'intervention énergique du président Wilson prouve que Sa solution n'est pas aussi aisée que l'auraient désiré quelques italophiles acharnés. Que signifie l'attitude de M. Wilson ? Elle montre qu'il s'est rendu compte de l'énorme importance de cette ville pour l'existence du nouveau royaume des Serbes, Croates et Slovénes, et qu'il a clairement compris aussi ce que veulent les Italiens par l'occupation de Fiume.
Disons d'abord qu'au point de vue ethnique, le droit de l'Italie sur Fiume est très contestable, nul même, si l'on veut être juste. Les 24.000 Italiens de Fiume ont en face d'eux 27.000 Yougoslayes dans la ville même, Y compris la bourgade-faubourg de Sussak, qui est inséparable d’elle, et une centaine de mille Yougoslaves en masse compacte dans son voisinage immédiat. La question se pose donc de savoir si le droit de 24.000 l'emporte sur celui de plus de 100.000 âmes.
Mais Fiume a une autre signification. Au point de vue économique, elle joue un rôle, tant pour nous que pour l'Italie, mais un rôle qui se présente sous un jour différent. Fiurme est le seul débouché maritime qui puisse Servir à l'activité commerciale de notre pays, qui aura environ 250.000 kilomètres carrés de superficie et environ 12 millions d'habitants. On nous obijecte que la Dalmatie a de nombreux ports parfaitement capables d'assurer notre trafic. Il v a, en effet, plusieurs ports en Dalmatie. Mais s’est-on jamais demandé ce qu'ils valent ? Toute la Dalmatie n’a qu'une seule ligne à voie étroite qui la relie à l’hinterland. Ses ports sont tels que la nature les a créés. Pour qu'ils puissent devenir des débouchés capables de desservir le grand commerce et non seulement le trafic côtier, il faudrait l'activité de deux générations et des frais qui, dans la situation actuelle de notre développement économique, équivaudraient à une opération ruineuse non seulement pour nous, mais encore pour nos arrière-petit-fils.
Les Italiens contestent l'importance de Fiume pour notre vie économique, en faisant ressortir que, tout dernièrement, la participation de 1a Croatie dans le trafic global de Fiume n'atteignait que le 7 %. Mais c’est justement parce que leur participation dans ce trafic fut si petite que les Yougoslaves s’acharnent à demander Fiume, car leur abstention dans le trafic de Fiume n'était pas volontaire, mais elle était due à ceux qui les opprimaient et contre la domination de qui ils se sont levés.
On sait que l’une des principales causes de notre mécontentement national sous la domination autrichienne vient de l'oppression économique. L'Autriche-Hongrie, par tous les moyens qui sont à la disposition des maîtres, nous obligeait à lui livrer nos produits agricoles en échange de sa camelote fabriquée. Les tarifs des douanes, des chemins de fer et de la navigation furent établis de façon que l'exploitation de nos richesses et de notre travail lui fût mieux assurée. L'Autriche nous dictait les prix de nos produits et, au moyen des taxes, élevait un mur autour de nous, mur que nous ne pouvions pas franchir. Grâce à cet asservissement économique méthodique, nous ne paraissions pas sur le marché mondial. Et c'est justement cette situation qui nous a fait mettre toutes nos forces en balance pour nous délivrer de l’oppresseur.
Les Italiens ont encore un argument que reproduisent de grands journaux, sans qu'ils se soucient de savoir si leurs affirmations ne sont pas absurdes. Pour démontrer la valeur inférieure de Fiume, ils disent que ce port n'avait, en 1913, que 92.000 tonnes d’importation et 1.100.000 tonnes d'exportation, tandis que le mouvement du tonnage des ports yougoslaves était de 12 millions de tonnes. Quiconque se donnera la peine d’y réfléchir un peu, se convaincra facilement de l’absurdité d’une telle affirmation : Fiume, qui desservait un pays de 20 millions d'’âmes, pourvu d’un réseau ferroviaire parfait, ayant un commerce de 2 millions de tonnes, tandis que les ports dalmates qui ne comptent que 650.000 habitants et ne possèdent qu'un voie ferrée à voie étroite avec l’hinterland, auraient eu 12 millions de tonnes de trafic !
Voici comment les gens de mauvaise foi sont arrivés à ces chiffres : la statistique maritime autrichienne enregistre le tonnage des vapeurs parcourant les lignes postales dalmates, tonnage qui se repère à chaque voyage et à tous les ports auxquels ils touchent selon l'itinéraire établi, de sorte qu’un vapeur de 2000 tonnes, vide ou chargé, allant de Cattaro à Trieste, a son tonnage repéré à Gruz, Split, Sibenik et Zadar, et cela pour tous les voyages effectués dans le courant de l’année. Voilà
—————_———_…——————————————————————————…——————————…———.…" ————_—_———————…—…— —…— ——————————.—…—…—…——…— …— ——————…—…— oo oo
la source des 12 millions de tonnes dalmates !
Les Italiens nous disent que nous voulons Fiume pour des raisons économiques empiétant sur les droits d’autodisposition des peuples. Mais nous verrons que l'Italie, en demandant Fiume, n'envisage pas moins que nous l'intérêt économique, mais, chez elle, cet intérêt se présente sous la forme de l'impérialisme exploiteur le plus pur.
Le Giornale d'Italia du 8 janvier publiait des déclarations du maire de Trieste, M. Valerio. Les vues de M. Valerio jettent un jour complet sur la voie que suivent les Italiens dans leurs revendications relatives à la côte orientale de l'Adriatique. M. Valerio demande Fiume pour des raisons économiques. Il affirme que l'Italie est assurée d'un grand avenir dans le domaine économique si elle obtient Trieste et Fiume, car, une fois en possession de ces deux ports, elle attirerait à elle tout le commerce de l'Europe centrale et d'une grande partie des Balkans. Trieste ne perdrait rien si Fiume était rattachée à l'Italie, mais si
l'Italie n'obtenait pas Fiume, Trieste soufiri-
rait au point de vue économique, Car Fiume absorberait une grande partie du trafic. « Quand ces deux villes — dit-il — nous appartiendront, elles se complèteront. Ayant le monopole pour tous les produits de l'hinterland, elles réaliseraient le désir de l'Italie de conquérir économiquement l'Orient. »
Il suffit de ieter un regard sur la carte pour se persuader de la vérité des affirmations de M. Valerio. En effet, le désir de l'Italie de s'installer dans les deux ports de l’Adriatique orientale, qui sont les seuls débouchés de l'Europe centrale et d’une partie des Balkans, n’est que le désir le plus clair de l’exploitation économique de tous ces pays. Peut-on le nier ?
L'Italie veut s'assurer l'exclusivité de contrôle du commerce des pays en question. Elle ne se contente pas d’asservir la Yougoslavie, elle iette des regards sur l'Orient, où elle veut prendre la place de l'Autriche et de l’AIlemagne. Ainsi, derrière son délire patriotique affolé se cache l'esprit mercantile le plus pur, qui nous choisit pour ses premières victimes.
M. Wilson, qui n’est pas seulement un politicien, mais un homme comprenant les hécessités économiques, a saisi merveilleusement le fond de la question. Il sait très bien que l'avenir de l’Europe ne sera délivré de cauchemars que si le règlement final se fait réellement dans un esprit de justice. Croit-on donc que nous, ieune peuple qui a montré avec intrépidité sa volonté de vivre sans tuteurs, nous nous accommoderions de nouveaux maftres ? Tous ceux qui discutent de ces choses doivent savoir que la question deFiume se ramène à celle de notre liberté ou de notre nouvelle servitude. Qu'on résolve la question comme on voudra, mais qu'on sache que personne ne pourra nous obliger à courber de nouveau la tête devant un nouveau maître.
En demandant Fiume, les Italiens demandent la consécration mondiale de leur droit à nous exploiter. Telle est la question de Fiume.
Dr L. POPOVITCH.
Une mission serbe en Ukraine
Le bureau ukrainien de Lausanne nous télégrapbie :
Une mission serbe, présidée par M. Popovitch, est arrivée à Rovno afin de nouer des relations avec le gouvernement ukrainien. Le chef de la mission fut reçu par les représentants du gouvernement auxquels il exprima les sympathies du gouvernement serbe pour l'Ukraine dans sa lutte contre les bolchéviks.
La faillite de la politique Orlando-Sonnino
L'annonce des alliances franco-britannique et franco-américaine, prévues par le traité de paix sous la réserve de l'approbation des parlements respectifs, signifie l'écroulement de la politique artificielle du bloc latin. Le rapprochement franco-anglo-américain dont notre collaborateur Politicus nous informait dans sa lettre du 23 avril qui nous est parvenue trop tard et Que nous ne publions qu'aujourd'hui, ce rapprochement est un fait historique capital, dont l'importance saute aux yeux. Pour l'Italie, c'est le fiasco le plus éclatant de sa politique égoïste et grandomane. Nous en reparle- . rons dans notre prochain numéro. À om
IMPR. SONOR S, A. Rue dn Stand, 48, GENÊVE