La terreur à Paris
LES [MAITRES DE PARIS 41
ses nerfs détraqués, à son cerveau excité de donner libre cours à leurs dérèglements !.
Comme Borgia autrefois, il commettait froidement les plus abominables atrocités. Il invoquait l'histoire et la philosophie, et, le calme sur le visage, il déclarait majestueusement au procès de Louis XVI que « Louis est un autre Catilina ». Il faut tuer le roi parce qu'il est roi et que le roi est plus que lui, Saint-Just. N'est-ce pas là un signe de la grande névrose?
Nous avons une preuve de sa folie des grandeurs dans une lettre? qu'il écrit à d’Aubigny et dans laquelle le docteur Charcot trouverait certainement les preuves de la névrose la plus caractérisée :
« Depuis que je suis ici, je suis dévoré par une fièvre républicaine qui me dévore et me consume.…. Il est malheureux que je ne puisse rester à Paris. Je me sens de quoi surnager dans ce siècle. Vous êtes tous des lâches qui ne m'avez pas apprécié. Ma palme s’élévera pourtant el vous obscurcira peut-être. Infâmes que vous êtes, je suis : un fourbe, un scélérat, parce que je n'ai point d'argent à vous donner ? Arrachez-moi le cœur, et mangeyz-le. Vous deviendrez ce que vous n'êtes point, grands. »
* Rappelez-vous le portrait saisissant de Sainte-Beuve : « Toutes les fois que Robespierre a besoin d'un rapporteur impassible, sophistique, aux lèvres d’airain et au front de marbre, pour épurer la Convention et envoyer à l’échafaud, sous couleur de bien public, d'anciens amis et complices, il met en avant Saint-Just, qui s'acquitte de cette tâche comme d'un sacerdoce. »
* 20 juillet 1792.