La terreur à Paris
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49, LA TERREUR A PARIS
Ne voyez-vous pas poindre le délire de la persécution à côté du délire des grandeurs.
Camille Desmoulinsal’airnaïfetcettenaïveté l’absout presque aux yeux de bien des gens ; mais je crois cette naïveté voulue et je n’ai pas du tout de commisération pour les hommes qui, comme lui, envoyaient roi, noblesse, et jeunesse à l'échafaud avec une charmante désinvolture. Le seul agrément qu'on éprouve en lisant leur histoire, c’est que, les uns après les autres, ils se sont coupés le cou avec le mème charmant entrain.
Camille Desmoulins était entré bruyamment dans l'histoire en juillet 1789. Celui que Robespierre appelait « un enfant gâté qu'avaient perdu les mauvaises compagnies » ; celui dont Mirabeau disait le «pauvre Camille» fut un journaliste, mais rien qu'un journaliste, d'une verve, il est vrai, parfois étincelante. Il était de ceux qui croient que la plume mène atout. La fermentation des espritsétait si grande que les journaux ne suffisaient pas. « Quel mérite avezvous à être patriote, disait Saint-Just, quand un pamphlet vous rapporte 30,000 livres de rente ‘? »
4 ]1 rapportait 30,000 livres. ou Péchafaud. Olympe de Gouges y porta sa tête pour avoir écrit les éroës Urnes ou le Soleil de la Patrie; le libraire Webert, limprimeur Trouillé y périrent: aussi ; le premier pour avoir tu le nom de l’auteur de l’Appel à la postérité sur le jugement du roy, le bénédictin Guillois ; le second pour avoir imprimé la Relation des vingt-quatre heures d'angoisses qui ont précédé la mort de Louis XVI; mais ceux-là n'étaient pas des pabriotes.