Le Comité de salut public de la Convention nationale

334 LE COMITÉ DE SALUT PUBLIC

Le 1° décembre 1794, à la nouvelle que la Hollande avait envoyé des agents au quartier général dé Pichegru pour traiter, le roi de Prusse ordonna à son ancien ambassadeur à Paris, le comte de Goltz, d'aller à Bâle, et d'entrer en négociations avec Barthélemy (1). Le Comité de salut public lui demanda d’envoyer à Paris un homme de confiance pour poser les bases sur lesquelles discuteraient de Goltz et Barthélemy ; FrédéricGuillaume manda alors au secrétaire de légation Harnier, qui avait jusque-là dirigé les négociations de Bâle, de se rendre à Paris. Il luidonna des instructions qui prouvent qu'il ne se rendait pas un compte exact de la situation ; il s’imaginait que la simple promesse d'abandonner la coalition et de reconnaitre la République française l’autorisait à réclamer en revanche une foule d'avantages : évacuation par les Français de la rive gauche du Rhin, maintien de la maison d'Orange en Hollande, droit d’être choisi comme médiateur entre la France et les petits princes allemands, et même une clause en faveur desémigrés. -—Or,à ce moment, Pichegru entrait en Hollande, la France était partout victoricuse. Aussi lorsque, le 7 janvier 1795, Harnier entra pour la première fois au Comité, il lui fut nettement déclaré que la paix ne serait solide que si le peuple français la trouvait honorable, c’est-à-dire basée sur la cession de Mayence et de la rive gauche du Rhin; et que, de plus, on n’entendait pas que la Prusse s’occupât de la Hollande ni des émigrés.

Harnier objecta qu'il était impolitique d’affaiblir un Etat qui devait servir de barrière à d'insatiables ambi-

(1) Les Etats de l’Empire, représentés à la dièle de Ratisbonne,

faisaient aussi des vœux ardents pour la paix (22 décembre 1794),