Le Comité de salut public de la Convention nationale

68 LE COMITÉ DE SALUT PUBLIC

La Convention, dit-il, vient même d'ajouter à ces immenses pouvoirs le droit de lancer des mandats d’arrèi «dansles circonstances périlleuses et critiques (1) ». Il est donc inutile de supprimer le Conseil exécutif chargé des détails administratifs ; ilest inutile aussi do donner au Comité un nouveau titre qui n’ajouterait rien ni à son autorilé ni à son énergie. Toutefois, si on croyait utile de mettre à sa disposition 50 millions payables sur ordonnances, et dont un compte imprimé justifierait l'emploi, il accepterait. — La Convention se rangea à cet avis. Elle ne poussa pas l’audace aussi loin que Danton l'aurait voulu, puisqu'elle n’accepta qu'une deses propositions; quelques mois plus tard, elle réalisera la seconde, la suppression du Conseil exécutif. Mais elle n’osa jamais décider que ie Comité de salut public serait transformé en Gouvernement : elle eùt semblé lui donner une indépendance inquiétante, tandis qu'il était de son intérêt de le conserver dans ses mains, puisqu'elle pouvait alors le briser à son gré ; enfin, établir un gouvernement définitif, c'était laisser croire que la Convention songeait à s’éterniser et ne voulait plus se séparer.

En réalité, le Comité de salut public avait toutes les attributions d’un véritable gouvernement; il ne fui en manquait que la pompe extérieure et les apparences. Certains le regrettaient. C'est ainsi que, sous prétexte d'éviter aux membres du Comité une perte de temps, Bentabole était d’avis qu’on leur donnât un logement aux Tuileries. C'était un premier pas. Maissa proposition n'eut pas de suites (27 juillet).Plus tard, Legendre propose aux Jacobins de demander qu’on donne une

(1) Décret du 28 juillet 1793.