Le Comité de salut public de la Convention nationale

HISTOIRE INTÉRIEURE DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC 74

cette révolution, qui est l'ouvrage d’un génie extraordipaire, déifie tous les Français... Forçons nos ennemis mêmes à rendre hommage à la grandeur de notre conduite. [1 faut s'armer pourla liberté. Eh bien ! armonsnous; mais quela loi marche toujours avec nous,et agissons demanière que,loin denousdiviser par des craintes mutuelles, nous puissions à chaque instant par des baisers fraternels donner au monde le spectacle del’unionet dela force! » —Généreuses et superbes paroles maiscombien vaines ! Non, il n’est malheureusement pas vrai que ces redoutables crises qu’on appelle des révolutions puissent être comparées à ces idylles dontparle Thuriot et qu’elles soient caractérisées par ces élans de fraternité, ce respect de la loi qu'il réclame. On ne peut les diriger, — du moins dans l’étroite mesure où il est possible d'agir sur de pareilles forces déchaïînées, — qu’en acceptant l'erreur commune. Thuriot s’y refusait; sa place n'était donc plus au Comité de salut public. Il le comprit, ct, quelques jours plus tard, il en sortit.

Barère, qui le remplaça à la tribune, tint un autre langage. « Les aristocrates, dit-il, veulent un mouvement ! Eh bien, ils l’auront: la terreur sera placée à l’ordre du jour ! Ils demandent du sang: ils auront celui des conspirateurs et des traîtres, de Brissot et de Marie-Antoinette ! Ils veulent faire périr la Montagne : la Montagne les écrasera ! » Il fit décréter la formation de l’armée révolutionnaire; sur la motion de Billaud et de Saint-André, ont rapporta le décret qui interdisail toute visite domiciliaire pendant la nuit ; enfin, les Girondins étaient envoyés au tribunal révolutionnaire. « Tous les esprits étaicnt en délire dans cette journée du 5 sep tembre, » écrivait plus tard Barère.

Billaud n'avait pas manqué, au milieu de la séance,