Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

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concentrant ses evzones devant Monastir ? Pouvait-on expliquer à toutes ces impatiences qu'une armée de 200.000 hommes exige du temps pour embarquer, pour arriver, pour débarquer, plus de temps encore pour s’acheminer par une voie ferrée u nique, alors que cette voie est coupée et qu'il faut culbuter trois divisions ennemies pour passer ?

Un soir, il y eut un moment d’enthousiasme affolé. Une troupe traversait la ville, l'arme sur l'épaule, de la boue jusqu'au ventre, fronts bandés, bras en écharpe. On criait : « Voilà les Français! » Mais c'étaient ceux de Topschider, les cent fusiliers marins, qui, une année durant, avaient, avec leurs canons de marine, protégé Belgrade contre les monitors. Par ceux-là, Nisch eut des nouvelles précises sur la chute de la blanche capitale. On connut les détails du bombardement méthodique, impitoyable qui, trois jours durant, par la bouche de 1.200 canons, avait lancé 60.000 obus sur la ville. Les cent de Topschider — mais