Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

LA CAPITALE ERRANTE 83

blanc et brandissant une épée d’or. On se répétait des mots magnifiques. Un chef de division avait dit à ses hommes : « Si je recule, tuez-moi », et cependant on reculait. L'espoir de voir arriver à temps les Alliés allait s’affaiblissant. Nisch quitroptôts'était parée pour l'entrée des Français, laissait pendre, lamentables maintenant, les drapeaux qui eussent claqué au vent. La pluie avait fané les banderoles, l'orage avait jeté bas dans les ruisseaux les poteaux qui supportaient les écussons peints aux aigles blancs de Serbie, Les gens qui étaient restés stationnaient dès l’aube dans les rues. On ne viendrait donc pas à leur secours! Que répondre à toutes ces angoisses ? Pouvait-on leur avouer que la Grèce, répétant sa reculade de mars dernier, devant les Dardanelles, se dérobait à la guerre contre le Bulgare, tout comme alors elle s'était dérobée à la guerre contre le Turc? Bien plus, le roi Constantin ne s’apprétait-il pas à frapper ses anciens alliés dans le dos en